Gravel Tro Breizh – La gestion de l’épuisement sur le tour de la Bretagne – Jour 1

La première Gravel Tro Breizh avait lieu la semaine dernière avec un départ et une arrivée à Rennes. Le programme annoncé : 1100 km et 10000 m de dénivelé en moins de 180 h. La Bretagne n’est pas réputée pour être une région montagneuse, où seront les difficultés ?!? Le changement de la trace la semaine avant nous donnait déjà un indic sur la technicité du terrain. Le road-book avec tous les points stratégiques et les difficultés du parcours est donc fait à la dernière minute.
Nous partons le samedi avec une délégation du Nord, Clément et Adrien.
L’accueil était fixée à l’atelier de Cycles Menhir, l’occasion de découvrir ou redécouvrir la beauté de ses montages artisanaux bretons. Après un briefing dense, un buffet royal nous attendait pour faire le plein avant le repas du lendemain matin.
Le départ est donné sous le soleil à 8h au camping des Gayeulles. Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que sur la French Divide, je décide de faire une grosse première journée en limitant les poses et en roulant le plus possible. Le départ à 8h est assez tardif, il va falloir pousser le soir, je cerrais en fonction de la fatigue.
Première journée : 272 km – 15h18 – 2000 m
La première partie est très roulante avec 70 km de canal, sa démarre fort, mais très fort avec des moyennes entre 28 et 30… J’essaie de pas me laisser influencer en partant à mon rythme. Des groupes me doublent en petit peloton, j’accroche un peu, je m’en détache, ce n’est pas mon délire, je tiens à rester à mon rythme pour ne pas le payer plus tard… La voie verte se termine, même si ça monte, ça fait du bien, je rattrape un groupe qui ne lit pas vraiment leurs GPS et loupe un chemin a une intersection… C’est l’avantage d’être orienteur, j’anticipe, loupe rarement une intersection, la fluidité peut permettre de gagner un peu de temps sur la durée même si cela reste du suivi d’itinéraire.
Arrivée au premier CP avec Clément, 100 km d’une traite, on valide et arrêt à Ploubalay pour manger. La pause est courte, une fois de plus je ne veux pas faire la même erreur que sur la Divide et me refaire passer par tout le monde à cause d’une pause trop longue… Pas mal de monde choisi de s’arrêter là, même ceux que je pensais devant, on doit être pas mal placé. Rechargé, l’après-midi s’enchaine, arrivée dans une portion de forêt, un souvenir du briefing me revient « au km 145 il faut éviter la forêt en coupant avant… ». On sort de la trace pour couper par un autre chemin, mais celui-ci est un vrai bourbier sur 500 m pas de possibilité de rouler, on y laisse des watts, le temps défile comme à chaque fois dans ce genre de situation, je fonce à pied pour pas perdre de temps. Pause à Lamballe où une épicerie me tend les bras, les 3 de devants me rattrapent (ils étaient donc derrière). Ils ont suivi la trace dans la forêt et ont perdu près d’une heure. Donc il n’y a que Paul Galea devant, après 150 km, je suis content de la gestion de ma première journée. Paul est un rouleur de folie, il roule fort, longtemps, très longtemps, largement favori de l’épreuve.
Je serais seul pour la suite de l’après-midi, le physique et le moral commencent à sentir les kilomètres. J’ai un poids sur la poitrine, je commence à cogiter, les heures défilent, cela ne s’arrange pas. La première journée est vraiment toujours la plus difficile, le corps n’est pas encore habitué à l’effort, ni à l’alimentation, j’ai l’impression que ça va être plus difficile que je l’imaginais… Bref il y a toujours des hauts et des bas et là un bas très bas.
La trace se rapproche de la côte, il est 20h j’en profite donc pour faire une pause dîner. Je m’arrête, me pose, je tremble de partout, je commande un Fish and Ships mais la faim n’est pas là, j’ai la sensation des conséquences d’une fringale alors que j’ai géré au mieux l’alimentation, manger ça fera pas de mal, je perd un peu de temps, certainement des places, c’est le cadet de mes soucis !!
Je repars, frissonnant, dans la montée d’après, Clément me rattrape, on se briefe sur la fin de journée, objectif 300. On croise Fred au niveau de Paimpol qui en profite pour nous filmer. Fred a fait un boulot phénoménal pour l’organisation de l’épreuve mais en plus il s’occupe du suivi. Durant toute la GTB je n’ai jamais consulté le site de tracker, ils suffisait d’aller sur la page FB pour avoir toutes les infos, videos, photos… Fred, mieux que Solustop et Trackleader réunis. Nous sommes en 5e position, la nuit et la fatigue commencent à arriver vers 22h, on avance silencieusement dans la nuit bretonne.
On revient vers la côte avec quelques sites touristiques, je me dis qu’un bar doit être ouvert, j’ai envie d’un Coca, je consulte Clém qui ne dirait pas non. Dans une descente vers un village, on tombe sur un panneau lumineux « Ouvert », pas besoin de réfléchir, on s’arrête. Le bar est vide, la barmaid nous regarde bizarrement mais nous accueille agréablement. On est vidé, un peu de sucre nous réveille un peu, on en est presque à 270, on cherche trouver des raisons pour s’arrêter, on est bientôt au quart, c’est suffisant, prochain arrêt, c’est le bivouac.
On redescend vers une station balnéaire, il y a toujours de quoi se poser à l’abri. Un camping se profile, on avance vers l’entrée en coupant les lampes pour arriver discrètement (dans le but de se poser et repartir aussi discrètement) mais le propriétaire fait le guet à l’entrée. Pas envie de payer pour se poser 5h, je luis dis qu’on cherche un autre camping et on pousse plus loin. Devant un autre camping en front de mer il y a un abri avec lavabo et toilette, parfait. 273 km de fait…
Pour bivouaquer au mieux et surtout passer une bonne nuit, j’aime bien trouver un site de bivouac abrité du vent, isolé de l’humidité du sol et si possible de la rosée. Se poser dans une prairie peut paraître une bonne idée pour beaucoup, mais c’est garantir un réveil voir une nuit très humide, j’évite. Et en bikepacking, pas de problème pour me poser en ville ou dans les zones urbanisées, j’arrive vers minuit et je repars vers 5h, ceux qui me verront sont pas nombreux et préfèrent bien souvent m’éviter…
On s’installe en 2 min et je pense qu’on s’est endormi en moitié moins de temps. Le réveil est mis à 5h pour attaquer la deuxième journée…

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