Interprétation libre de la GTMC – 700 km – 14 000 m

Pendant que les grandes épreuves bikepacking (épreuves, courses, compétitives ou non…) de l’été sont en cours ou bientôt en cours, je profite de quelques jours de chômage technique pour aller enfin faire la GTMC. Je devais la faire l’été dernier, finalement je suis reparti sur la French Divide, si j’avais su…

Ayant travaillé à Clermont-Ferrand en mars, j’avais prévu de faire la trace en hiver mais manquant de temps je suis parti sur la Stevenson, début mars…. avec un duvet 10 degrés… il fait 5 degrés au plus chaud des journées et j’ai été bloqué par la neige à partir de 1000 m. Je pourrais aussi en faire le récit, c’est vrai.

GTMC les tenants et les aboutissants

Dans la description, c’est un itinéraire VTT qui traverse le Massif Central. C’est un itinéraire ancien de 650 km qui a été retracé, rallongé et fusionné avec la traversée du Morvan en 2018. En comparant les deux, le nouveau est un peu moins roulants, les descente sont en particulier plus techniques et le dénivelé a été poussé. Quand j’avais étudié la GTMC j’avais lu des récits de traversée avec une remorque, là c’est impensable ou très difficile en tout cas. La traversée de Clermont-Ferrand jusqu’à Agde m’intéressait plus. Celle-ci fait aujourd’hui 750 km pour entre 15 000 m et 20 000 m de dénivelé.

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Différences entre l’ancien et le nouveau parcours. Avant le Mont Aigoual, les différences sont mineures, quelques chemins en Margeride et en Lozère, il y vraiment que la descente du Mont Lozère qui diffère. Une fois le Mont Aigoual passé, la trace change totalement en s’orientant vers Le Vigan et en évitant les gorges de la Vis alors qu’avant elle partait directement vers Aulzon. Et après la Couvertoirade, l’ancienne trace part vers Saint-Guilhen-le-Désert et la nouvelle se dirige vers le lac du Salagou.

Au départ

Donc je me décide une semaine avant de partir, prépare le vélo, les sacoches, bricole un tarp, achète mes billets et me voila rapidement en route vers Clermont. Fait exceptionnel, j’ai deux trains avec des emplacements vélo non-démonté, youhou !

Premier jour : Clermond-Ferrand – Lac de Servières – 43 km – 1511 m

Arrivé à Clermont vers 16h30, ce sera une petite première journée. J’ai fait une partie du début de la trace cet hiver, je décide de couper la partie jusqu’au Col de Ceyssat ce qui fait une cinquantaine de kilomètres en moins. Je préfère bivouaquer là où je ne connais pas.

Depuis la gare, ça monte quasiment en continu jusqu’au col, 14 km pour se mettre dans le bains avec une belle averse au milieu. La température a bien chuté après, j’ai prévu de dormir à 1200 m, il va falloir se couvrir.

Arrivé au Col de Ceyssat, je vois le panneau, instinctivement je me dis tiens je vais prendre une photo, je m’arrête et me demande pourquoi ?!? Quand on monte un col ou que nous sommes sur le col, il y a bien un peu de paysage à voir et à montrer, d’un coup cela me semble ridicule de faire une photo d’un panneau de signalisation alors qu’il’y a tant d’autres choses à voir, j’en ai jamais fait, j’en ferais pas, je trouve mon plaisir dans le paysage, pas dans un « trophée » de mon « exploit ». Je trouve ma récompense dans le paysage et le partage des moments, des émotions, des choses simple de la vie, le reste, c’est accessoire, parfois dérisoire, souvent ridicule, mais c’est comme ça, on le fait instinctivement.

Sur la trace les chemins sont bien cools avec des pistes roulantes et des petits passages techniques. La première partie emprunte de chemins en forêt entre les puys, et ensuite ce sont des pistes roulantes au milieu des pâturages d’Auvergne. Je me ravitaille dans une épicerie pour le bivouac au bord du lac de Servières quelques kilomètres plus loin. L’endroit est réputé comme bon spot pour passer la nuit et il est fréquenté. C’est un bivouac de carte postale au bord d’un lac d’altitude.

Dès le coucher du soleil le vent monte et la température baisse. Je cherche un spot abrité, au bord du lac il y a trop de vent, je trouve une cabane avec une terrasse, c’est abrité. J’ai déjà la totalité de mes affaires sur moi, la nuit va être fraîche. Après avoir manger, je me glisse dans le duvet Cumulus et m’endors sur le coup. La température est tombée à 4 degrés cette nuit, j’ai dormi d’un trait jusque 6h. Ce duvet est fabuleux.

Les montées de la GTMC sont légendaires, mais elles sont toujours récompensées par un paysage et/ou uns descente sympa. Des vaches, des moutons, des furets et des renards croisés tout le long des chemins ça commençait bien !

Deuxième journée : Lac de Servières – Saint Georges – 138 km – 2979 m

Après un lever « à la fraîche » , je suis content d’avoir un réchaud pour manger chaud ce matin là.

La trace me fait découvrir quelques lacs volcaniques du Puy de Dôme dont le point de vue se mérite toujours.

Quelques villages médiévaux sont visités comme Besse en Chandesse, la température est montée petit à petit, elle est juste bien pour rouler.

Après le village de Besse, les points de vue sont toujours sympa. Dans une descente je sens que ma veste attachée sur ma sacoche de selle commence à se détacher, je n’ai pas le temps de m’arrêter que la manche se prend dans la roue arrière et la veste s’enroule autour du disque de frein. Bilan, un gros trou sous le bras et quelques trou un peu partout. Peu après j’arrive vers le lac de Montcineyre, il y a une maison au bord et des panneaux propriété privée, je me rapproche de la rive et un homme m’interpelle en me disant de revenir en arrière. Je lui dit que je fais juste une photo, il ne veut rien entendre ce qui lui vaudra quelques noms d’oiseaux. Donc sous peine qu’il est « propriétaire » d’un site naturel, donc du patrimoine commun, il est même interdit de le regarder.

Après cette partie des lacs vient le plateau du Cézalier. J’en profite pour faire une pause dans le village de la Godivelle et profiter des produit locaux. Un bon site pour bivouaquer, mais il est un peu tôt.

L’après-midi se passera au travers des Monts du Cézalier où les paysages sont grandioses et les pistes se déroulent toutes seules sous les pneus.

Quelques cols routiers et sur piste et un point culminant à 1464 m qui permet d’apprécier le panorama.

Je profite du village d’Allanche pour faite une pause, je croise deux cyclistes en haut d’une côte qui font la GTMC, je ne les reverrai plus ensuite.

Après ce village, le paysage est plus fermé et les cols font place aux collines boisées et aux petits chemins techniques. Le Puy Mary domine le paysage, il n’est jamais très loin, en tout cas il est toujours visible.

Je fais ma pause dîner à Saint-Flour au bord de L’Ander et je pousse quelques kilomètres après pour chercher un bivouac et me rapprocher de la Margeride. Je trouve un village sympa et profite d’un panorama pour le coucher de soleil.

Les habitants du village semblant hostiles à ma présence, je me trouve un coin à l’abri des regards dans le stade, il y a de l’eau un beau point de vue, c’est parfait.

Troisième jour – Saint Georges – Bagnols-les bains – 130 km – 2700 m

La matinée démarre en attaquant les monts de la Margeride. Avec le recul, je trouve que ce sont les montées les plus difficiles de la trace et c’est également le secteur où il y a moins de ravitaillement.

La première partie de la journée se déroule sur les hauts de la Margeride avec de longues pistes en forêt parfois sur une dizaine de kilomètres entre les pinèdes et les landes avec des belles côtes disséminées ça et là.

Le point culminant de la journée se trouve sur le Mont Mouchet, haut lieu de la résistance que j’avais eu l’occasion de cartographier deux ans avant.

Après une pause à Chanaleilles, seul village avec un café de la journée, la seconde partie de la journée était toujours sur des pistes mais avec également quelques singles techniques, j’ai surtout en tête un single de 5 bornes, enfin plutôt un chemin de quad avec des pierres et des racines…

Heureusement il y avait des framboises et des myrtilles sur les bords des chemins pour me remonter le moral.

Par contre c’était un désert niveau ravitaillement, à part l’eau qui se trouve partout, il fallait anticiper. Après un passage au lac de Charpal, je décide de pousser jusqu’au pied du Mont Lozère pour l’attaquer le lendemain matin.

La journée se termine dans la vallée du Lot avec un passage par le chateau du Tournel. En basculant dans la vallée , le paysage change totalement avec les shistes affleurants qui se retrouvent dans les constructions avec les toits en lauze.

Le terrain est rugueux et ça se sent au niveau kilométrage avec 130 km et 2700 m de dénivelé.

Premier arrêt dans un camping à Bagnol-les-Bains, une pizza, une douche, je serais plus frais pour attaquer le Mont Lozère. Le problème en bikepacking light c’est que je pars sans tente, ce n’est pas tant pour moi mais plus pour les autres campeurs qui nous voient d’un oeil étonné voir moqueur. Cette fois-ci j’ai un tarp, c’est un peu mieux que seulement le bivy, mais je préfère privilégier les campings municipaux, les campings à la ferme et les aires naturelles, l’accueil est meilleur pour les itinérants et on y fait souvent des bonnes rencontres.

Quatrième jour : Les Cévennes et les galères – 97 km – 1750 m

Après un réveil tardif, c’est aussi les vacances, en partant mon pneu arrière se met à fuir. J’avais une mèche dans le pneu depuis l’Ecosse, avec les cailloux, elle s’est arrachée. J’essaie de remettre une mèche, ça ne se rebouche pas, j’essaie de reboucher avec de la superglue, pareil. Je me décide à mettre une chambre à air mais en gonflant, la valve casse… Je mets donc ma dernière chambre à air, la Tubolito…

Je décolle donc vers 9h pour attaquer le Mont Lozère sous un ciel gris, à l’extérieur et dans la tête. D’abord très pentus sur la route et puis plus caillouteux, les chemins deviennent ensuite très roulants en faux plat montants et descendants, avec le vent dans le dos, c’est un vrai bonheur !

Je profite de la proximité de la station du Bleymard pour faire une pause et me réchauffer, un peu, il fait pas chaud là haut. J’arrive rapidement au Col de Finiels, la montée est sans difficulté et une fois en haut, je sens que je suis dégonflé à l’arrière… crevaison lente de la chambre en plastique, je n’arrive pas à voir où se trouve la fuite. Je décide de redescendre par la route jusque Florac. Je suis assez déçu de pas explorer les collines qui bordent le Tarn et me contente des gorges.

J’arrive à Pont de Montvert, un village magnifique au creux des gorges, je refais le plein à l’épicerie, la boulangerie et chez le charcutier et je me rend compte qu’on est le 15 aout, oups ! Bon bah au pire je camperais en attendant que les magasins ouvrent le lendemain pour trouver une chambre à air.

Arrivé à Florac en pleine fête du village, musique, fumigènes, jeux gonflables, sans transition après 3 jours quasi seul dans les monts, le contraste est déconcertant. La température est montée dans la descente, je suis passé de l’automne à l’été en 15 km.

Je ne trouve pas de magasin en traversant. Je mange et cherche un point d’eau pour nettoyer la chambre et le pneu et trouver une solution. Après 2h, rien, aucun trou visible, une vieille épine dans le pneu mais toute écrasée et je perd toujours de la pression.

En allant me poser dans un bar, je tombe sur un loueur de vélo qui vend des chambres à air, sauvé, remontage et dernier regonflage, c’est reparti. Je n’aurais plus de problème jusque la fin.

Après Florac, le paysage passe au calcaire et aux terrains plus secs, les buis succèdent à la bruyère et les chênes verts aux pins.

La trace suit la rive gauche du Tarn, c’est en majorité un single très technique à flanc avec pas mal de poussage mais ça reste plaisant à rouler. Avec villages comme Castelbouc et ses maisons ancrées dans la falaise, Sainte-Énimie et Saint-Chely-du-Tarn.

Au final ce sera une petite journée de vélo avec 97km et 1750 m de dénivelé. Le village de Saint-Chely est beau, dernière étape avant de sortir des gorges, il y a une plage privée, mais le propriétaire/restaurateur la laisse à disposition pour 1€, ce sera un bivouac au bord du Tarn après un aligot.

Cinquième jour – Le Mont Aigoual et la chaleur – 85 km – 2100 m

En me réveillant dans les Gorges du Tarn, j’avais déjà envie de rester là, surtout que pour sortir des gorges, il y avait 500 m de dénivelé positif sur un single caillouteux, pour ensuite traverser le Causse Méjean et grimper le Mont Aigoual.

La sortie des gorges a permis de se réchauffer un peu (sic) et en arrivant sur le causse à 8h (et quelques) il faisait déjà chaud. Le paysage des causses est toujours déroutant, ça sent la lavande et le thym et ça me fait souvent penser au farwest, un vrai farwest français au milieu des fermes et des bouquets d’arbres disséminées sur un plateau dénudé de dolines et de vallées sèches.

La traversée de ce Causse n’est pas compliquée, et les forêts qui bordent le Mont Aigoual commencent à s’apercevoir. En arrivant dans ces forêts, la paysage change totalement, la végétation est plus humide est les roches deviennent granitiques.

L’ascension se fait en plusieurs fois avec pas mal de poussages et de rocailles. La dernière ascension est au départ compliquée dans la caillasse et en plein soleil et ensuite elle est plus agréable sur des pistes forestières à l’ombre. La montée est assez longue mais passe bien. Le chemin de transhumance serpente dans la forêt, avec quelques points de vue et même le Mont Ventoux qui se laisse deviner.

Une fois en haut, le panorama est impressionnant mais c’est très touristique, je ne m’attarde pas, de plus je n’ai rien à manger et la faim commence à tirailler.

La descente fonce droit dans la caillasse. Je me remémore tous les commentaires « tu verras c’est super roulant… » j’ai beau être en monstercross, un gravel en 29×2.1, léger en chargement avec une pression à 1,7 bars, j’ai du mal à sentir le roulant de certaines descentes, pourtant je pense avoir un bon bagage technique, être pas trop fatigué mais là ça tape et c’est usant, je serais bien mieux avec un enduro. Je coupe par la route, elle est en parallèle et la faim tiraille vraiment.

Le village de l’Espérou m’accueille, épicerie, pique nique, le village est à 1200m d’altitude et il fait déjà bien chaud. Après la pause, une autre colline attend avec une ascension roulante et une descente chaotique. J’aime bien les descentes techniques, mais là, en full rigide, chargé, avec des freins mécaniques, c’est vite usant. Je fais 2 km sur le chemin et je coupe par la route.

La descente par la route est rapide vers Le Vigan mais la température monte rapidement aussi. 1000 m plus bas, il fait 34 degrés à 16h. Je prend une pause et regarde le reste du parcours. Quelques collines boisées et le prochain camping est à 30 km sur la trace et 7 km par la route. La journée a déjà été bien remplie et très chaude, j’avais déjà bu 5 litres d’eau, l’envie d’une douche est plus forte que l’appel du bivouac.

Le camping de Montardier est situé sur le causse qu’il faut grimper… Une fois sur place, c’est un des meilleurs camping que j’ai pu faire, 5 balles à payer si il y a quelqu’un à l’accueil, on se met où on veut et la douche est gratuite et paradisiaque, il y a une zone pour manger semi-ouverte avec cheminée. J’y ai passé la soirée avec un cycliste chevronné adorable et un autre flamand qui faisait le tour des cols du Sud-est de la France. Lorsque le flamand est arrivé au camping, je luis dis que la journée a été chaude, il me répond par l’affirmative et qu’il lui fait une douche et une bière. Le deuxième cycliste n’en revenait pas que j’avais fabriqué mon vélo, il en a parlé à tout le camping. La soirée était animée autour du vélo, c’était sympa.

Au final une grosse journée de dénivelé pour une petite journée de vélo, 85 km pour 2100 de déniv, cela aura été la partie la plus technique jusque maintenant.

Dernier jour – Montardier – Lac du Salagou – 117 km – 1890 m

Au réveil le cycliste français me propose de l’eau chaude pour le café pour économiser mon gaz, décidément il était vraiment sympa.

Durant toute la matinée j’ai arpenté les Causses avec comme échauffement le cirque de Navacelles et les Gorges de la Vis et son single à flanc. C’était bien roulant malgré quelques portages. Une fois dans le fond de la vallée et bien il fallait remonter… en poussant.

Jusqu’au midi c’était la traversée du plateau des Causses et ces chemins rouges jusqu’au Caylar en passant par le village médiéval de la Couvertoirade, idéal pour faire une pause.

L’après-midi était très roulante mais sous une chaleur écrasante avec majoritairement des pistes dans la forêt de Joncels. A partir de Lunas, la ruffe, cette roche rouge typique du Salagou commençait à se montrer. Après quelques montées, le Salagou était en vue dans des paysages du Colorado.

Je termine la journée avec 117 km et 1890 m de déniv dans sur une aire naturelle de camping au bord du Lac du Salagou, aire naturelle sans électricité et avec de l’eau chauffée à l’énergie solaire mais au prix d’un camping normal. La nuit fut la pire avec 22 degrés minimum et des attaques incessantes des moustiques tigre. J’ai dû tendre le bivy avec deux sardines et la cordelette de capuche, mais malgré cela ils m’ont piqué partout où ma peau était en contact avec la toile.

La trace continuant jusqu’au Cap d’Agde, je la laisse à partir de là et je ne pourrais pas aller jusque Mendionde pour voir les arrivés.

Le jour suivant, je rattrapais Ballaruc, pour voir la mer, puis Montpellier avec un passage chez Antoine, un ami, pour passer la soirée à Montpellier avant de prendre mon TGV le lendemain.

Pour l’histoire, au retour, j’ai « emballé » mon vélo démonté dans mon tarp. Une fois dans le train, bien sûr pas de place pour le mettre, je le met donc devant l’espace bagage attaché avec une sangle prévu pour ça. Il ne gênait vraiment pas le passage. Mais lors du passage de la contrôleuse, elle me dit que mon vélo dérange et que c’est dangereux car le dérailleur dépasse… je suis en Rohloff ! Je fais un mini scandale pour la forme, ce qui « dérange » les autres occupants de la voiture, heureusement que j’étais en 1ere classe sinon, ils m’auraient suggéré de rester sur le quai avec mon vélo, suggéré je dis bien…

Au final, est ce que ça passe en gravel ??

Je termine avec 700 km et 14 000 m de dénivelé en à peu près 46h de roulage et pour une première fois sans cuissard sur plusieurs jours. La GTMC est un itinéraire bikepacking VTT très intéressant avec des grands déserts humains à anticiper pour les ravitaillements, mais des paysages qui changent sans cesse et se laissent apprécier à chaque passage de crête.

Donc en gravel, oui et non. Oui tu peux la tenter en gravel, mais avec une bonne section de pneu, une bonne technique et en étant léger ce sera mieux, mais pour profiter au maximum des l’itinéraire, un VTT est bien plus adapté en particulier dans les descentes, il y a à peu près autant de descentes que de montées, et même si les montées sont roulantes, les descentes peuvent être caillouteuses et accidentées Et je dirais même que plus on va vers le sud et plus les passages techniques sont techniques, sans parler des singles comme dans les gorges du Tarn avec des marches en montées et en descentes. Pour vraiment mieux les apprécier et ne pas passer des kilomètres de descente crispé sur les freins à subir, un VTT sera plus adapté. C’est vrai que la trace est dite roulante pour une grande traversée, mais il faut pas oublier quelle fait 750 km, déjà que les moyennes sont pas folles, c’est roulant pour un itinéraire VTT, mais pas assez pour être gravel. Après j’en entend déjà maugréer, mais de mon point de vue le gravel ce n’est pas faire du VTT avec un cyclo-cross et encore moins en longue distance, le plaisir se perd rapidement.

L’instant géographique

Je ne vais pas vous bassiner avec des réflexions géographiques mais plutôt me pencher sur un problème que l’on rencontre tous. Dans la description d’une trace, il y a trois paramètres à prendre en compte, la distance, le dénivelé et la cyclabilité. Les deux premiers peuvent être connus lorsqu’on a le gpx, le dernier est le plus complexe. En considérant un niveau technique identique, une portion de trace sera plus ou moins cyclable, c’est à dire que l’on pourra y rouler plus ou moins vite. Cela en fonction de son revêtement (routes, graviers, terre) et de l’état de celui-ci en prenant en compte les caractéristiques du revêtement en fonction de la météo. Une portion de trace peut-être large, comme une route ou une piste ou étroite, comme un chemin ou un sentier. Mais la rugosité (cailloux, marches, racines, ballast, gravats, herbes hautes…) et la météo peuvent réduire la vitesse du simple au quadruple même sans dénivelé. Donc ça me fait doucement rire quand on me parle de moyenne ou de rapport de la distance sur le dénivelé, sur un même tronçon (distance et dénivelé) de route ou de single des Cévennes, la progression ne sera pas comparable et le plaisir non plus…

A l’arrivée, investissement et matériel.

Je suis parti sur cette GTMC en voulant dépenser le moins possible, je garde les hôtels pour l’hiver, j’aime bien les resto, mais je voulais privilégier les épiceries, les bivouacs et les petits campings. Je n’ai quasiment rien acheté en matériel avant de partir, ce n’est pas le prix du matos qui rend l’expérience plus savoureuse, et au final j’ai dépensé 200 € sans les billets de train.

Donc voici une petite liste non exhaustive de l’essentiel de mon chargement pour cette GTMC question de savoir ce qui m’a servi et ce qui aurait pu me servir…

Le vélo

C’est mon Roubaix en Rohloff, à par le problème de pneu arrière, nickel. Un peu limite dans certaines descentes, à refaire je prendrais un VTT même en full rigide en freins hydrauliques avec des pneu en 2.2 mini, juste pour plus profiter.

Sur le vélo.

GPS, téléphone, deux bidons d’1 litre, les lampes sur dynamo et l’Igaro pour l’alimentation USB. Le moyeu alimente une batterie qui elle-même alimente le GPS en continu et le téléphone au besoin. J’avais une batterie de secours, car à la vue du dénivelé j’avais peur de ne pas pouvoir produire assez d’énergie. J’avais une consommation déficitaire, mais avec la batterie de secours, je n’ai pas eu besoin de me brancher dans les campings.

J’avais deux litres d’eau sur le vélo et le deuxième bidon ne m’a servi qu’une fois. Même malgré la chaleur, ce n’est pas difficile de trouver de l’eau fraîche et bonne en plus.

En sacoche, le moins c’est le mieux.

On a souvent tendance à remplir le volume qu’on a, c’est pour ça qu’en Marche Ultra Light, ils réduisent la taille des sacs . En bikepacking, prendre trop de sacoches pousse à prendre trop de poids, ce qui nuit gravement au plaisir du pilotage, surtout lorsque le poids est mal réparti.

Sacoche de selle : le couchage. Un matelas court, sac de couchage, bivy et tarp. Je craignais les nuits froides et humides, j’ai donc bricolé un tarp 1 personne avec une couverture de survie 2 places. Moins de 200 g, il fait le job et resservira. Il est trop fragile pour faire véritablement housse de vélo, à réfléchir… La nuit il a fait entre 4 et 22 degrés, il faut prévoir un bon duvet quand même et je n’ai pas eu de pluie, juste la rosée les deux premières nuits.

Sacoche de cadre : le petit matériel et les habits chauds. Pour le petit matériel, c’est l’outillage, la trousse de toilette et de premier secours et la popote avec réchaud. J’ai une tenue courte sur moi, j’ai en plus un maillot long, une veste de pluie, un collant et un buff. J’ai oublié des gants longs ou sous-gants que j’aurais bien apprécié les deux premières matinées. J’avais hésité à prendre un gilet coupe-vent, au final j’aurais dû en prendre, c’est bien utile dans les descentes longues et au petit matin pour éviter d’être toujours en veste.

Sachoche de top tube, l’électronique. Batteries, câbles, chargeur de téléphone et crème solaire.

Sacoche de potence, matos photo. J’aime bien avoir des souvenirs, mais c’est le grand paradoxe, quand je roule, j’aime bien profiter avec mes yeux et quand je rentre je me dis toujours que j’aurais prendre plus le temps de faire des photos !

Et une sacoche de cintre que pour la bouffe, j’avais un petit sac à dos compactable en plus, il est pratique et se fait oublier.

Donc ce que je changerai à part le vélo, la sacoche de cadre complète, le poids est bien réparti mais je peux pas trop la charger sinon la fermeture ne tient pas. Je préfère donc une demi sacoche remplie, qu’une complète à moitié remplie ! A voir pour une sacoche de cintre plus pratique pour me passer du petit sac à dos. La popote est bien mais au final en été elle me sert qu’une fois par jour, il faudrait un itinéraire plus sauvage et/ou frais pour mieux en profiter. Un gilet en plus et des sous-gants c’était nickel pour l’habillement. Avec une seule tenue courte çà été, j’ai lavé/rincé une fois le jersey et le boxer Merinos.

Ce que je ne changerais pas, le reste. J’aime bien testé différentes configurations de chargement pour être le plus efficace et léger possible et chaque expérience est bonne à prendre. La prochaine sera sur la traversée du Vercors en septembre sur La Grande Draille, j’ai déjà hâte de voir ça.

8 commentaires sur “Interprétation libre de la GTMC – 700 km – 14 000 m

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  1. Bonjour Remi, merci pour ce retour. C’est agréable de te lire et ça donne très envie !
    Sur l’une des photos on devine ce qui semble être un tracker spot ou dans le genre. Si c’est bien ça, c’est pour une question de sécurité ?
    Me suis souvent fait la remarque quand je pars seul que m’assommer sur un tronc d’arbre pourrait devenir problématique, même si un proche sait vaguement où je suis dans certains coin c’est un pb. Du coup c’est un abonnement que tu prends ou qqch dans ce goût là ?
    Merci à to,i bonne soirée
    Christophe

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    1. Bonjour Christophe, oui c’est bien un tracker spot, c’est pour que ma copine sache où je suis et si j’ai un problème. Je l’ai acheté suite à une mésaventure au Pays de Galles… Oui il faut acheter le tracker et payer un abonnement. Comme je fais pas mal d’épreuves et qu’il faut en louer un à chaque fois, avec deux événements par an je le rentabilise !

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  2. Merci Rémi, j’ai fait partie de l’équipe qui a testé (ouvert) le nouvel itinéraire GTMC pour l’IPAMAC et je valide totalement ton analyse globale et surtout sur la question du gravel et l’analyse de la cyclabilité… Tu as un vrai niveau pour être passé en gravel avec tes pneus dans certaines portions au sud de bagnols les bains ( lozere) , c’est pas donné à tout le monde et pour les amoureux du gravel nous conseillons vraiment la partie avant Clermont Ferrand : le AVALON ( PNR morvan) – CLERMONT -FD et la suite avec une sortie train à Saint Flour ( cantal) ST Chely d’Apcher ou Bagnols les bains.
    Teste cette partie, tu seras surpris et tu y auras du plaisir Gravel

    SamH

    Aimé par 1 personne

  3. Salut Sam. Super boulot sur cette trace, pour l’instant c’est une des meilleurs traces que j’ai pu rouler en France, elle est homogène et c’est toujours sympa. C’est vrai que la deuxième moitié c’est un vrai défi en gravel. J’avais déjà fait une grande partie de la trace Avalon-Clermont en 2016 et je la recommande aussi 😉

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    1. Bonjour, j’aimerais faire cette première partie en Gravel et abandonner la seconde qui me semble plus technique en effet … Quelle taille de pneus conseillez-vous cependant au minimum pour la première partie ? Me servant de mon gravel également en vélo/taf et Mulet l’hiver j’ai actuellement des pneus en 28 donc assez fins …
      merci par avance,
      respectuesuement
      Charlotte

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      1. Bonjour Charlotte,

        Alors pour les pneus, pour la première partie, je conseillerais du 38 minimum. Même si ce sera pas top quand même, il ne faut pas être trop chargée et faire des trop grosses étapes. Le 28 est donc bien sûr trop fins et vous apprécierez moins au partant avec des pneus comme ça.

        Rémi

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  4. super récit, merci!

    j hésitais entre le VTT et le Gravel pour la traversée des volcans (en gros Clermont – St Flour) et du coup ca sera Gravel
    si je comprends bien c est plus la partie au Sud qui est technique

    je reviens de la GTJ (grand traversée du Jura) et la c est plutot le contraire , le depart est plus adapté au VTT et le 2ieme moitier au gravel

    en tout cas c est cool de partager ces expériences!
    c est au final de vrais expériences de vie quand meme, quelque soit ton niveau ou ta monture…

    Ciao

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