L’Islande du Sud – Immense immensité

Je vous avez laissé après Reykjavik où après un tour rapide rapide de la capitale j’ai pu trouver un original pull islandais, un lopi, mais pas n’importe lequel, dès que je l’ai vu, j’ai su qu’il repartirait avec moi. Avec un collier de macareux, je n’ai pas résisté. C’est simple, ayant un budget limité, j’avais alloué une somme pour me faire plaisir, j’ai dû la doubler pour cette petite folie. Je ferais l’impasse sur les restos, mais au moins j’aurais chaud, car semblant de rien, il l’a bien servi. Après des températures estivales, avec 24° quand même, le vent du Nord s’y est mêlé et le mercure est difficilement monté au dessus des 10° sur cette deuxième partie. J’ai mieux compris pourquoi les pulls étaient si populaires, ils sont indispensables ici.

Du triangle d’or aux Highlands

Retournons sur la route, le triangle d’or, région proche de la capitale et dont les trois côtés sont composés des sites les plus connus de l’île, s’offrît à moi. J’y passais rapidement pour éviter le monde, même si le geyser de Strokkur, à la fréquence d’éruption inaltérable, me captiva un long moment.

Une fois sorti du triangle, je me tourna vers le centre, dos au côté le plus au Nord-ouest je traça une parallèle à la dorsale. Trêve de géométrie géographique, je voulais explorer le centre, à vélo, j’avais une boucle qui empruntait la F35, autoroute à 4×4 qui constitue une des principales voies tout-terrain reliant le Sud et le Nord. Dès le matin, le vent montra un bon état de forme, je me dis que bon avec un peu de temps et de patience, cela passera. N’ayant que mon gravel pour participer à se périple, je ne connaissais pas réellement la cyclabilité des pistes intérieures, donc je prévoyais une boucle à géométrie variable avec des barrières horaires pour ne pas me retrouver au dépourvu. La géométrie a effectivement bien évolué au fil des heures, je suis passé d’une boucle de 405 à 270, puis 200, puis 150, puis 100. C’est simple sur les 4 premières heures j’avais fait 40 km. Les conditions étaient difficiles, vraiment, c’est l’Islande, j’ai pris ce que je pouvais prendre, et pour le reste je profitai du paysage.

Le vent cumulé aux pentes et au revêtement, de sableux à caillouteux, s’obstinait à freiner ma progression qui devint parfois critique. Plutôt qu’un bivouac, j’eu un café et puis demi-tour avec un vent favorable, mais toujours le même revêtement. Je revins tranquillement à mon point de départ et je pu de nouveau apprécier le geyser en fin de journée.

Autres tentatives dans les Highlands

Les jours qui suivirent, j’explorerai dans le même état d’esprit d’autres routes de montagnes avec le même constat, un peu ça va, plus c’est trop. Pour vous rendre compte, après 30 km sur la F261, voulant fumer une cigarette, je constatais que toutes mes cigarettes c’étaient vidées de leur tabac du fait des vibrations sur les chemins. Parce que sur ces chemins, il y a bien les washboarding, ces petites vagues faites dans le gravier par le passage répétitif des véhicules, ce qui équivaut en ressenti aux pavés, mais il y a aussi les secteurs avec un savant mélange de pierres et de sable.

Il convient d’être bien équipé pour explorer l’intérieur, j’ai aussi tenté d’avancer en voiture, mais après deux ensablements, après avoir failli me mettre sur le toit en évitant une pierre à 60 sur des washboard et après avoir posé la voiture une fois sur une bosse, j’ai préféré les revêtements plus lisses.

Mes incursions dans les Highlands m’ont quand même permis d’entrevoir le potentiel du centre, ses plaines désolées et contemplatives qui tranchent avec le découpage et l’agitation des bordures.

Les plaines du Sud, le tourisme s’atténue mais pas le vent.

De retour sur la côte, le réseau se simplifie, une fois le fameux Eyjafjallajökull passé, le littoral d’abord en mince bande s’élargit ensuite et fait place aux plaines littorales du sud battues par les vents. D’abord disposées en coulées de laves ancestrales recouvertes de mousses épaisses, elles passent ensuite aux plaines glaciaires d’un gris se confondant avec la route.

Déjà le Vatnajökull, à l’origine des ses dernières plaines, se profile à l’horizon et ses langues glaciaires se rapprochent progressivement de la mer en fermant la plaine. Les glaciers sont majestueux et masquent l’importance de l’envergure du dôme. Le brouhaha du tourisme se fait plus faible et la flânerie remplace la précipitation des masses. Oh bien sûr les dérives du tourisme sont toujours présentes, le camping est réglementé et ne se fait que sur des sites dédiés, toujours payants, souvent sommaires et parfois abusés. Les parkings des attractions principales sont également payantes et je me suis même retrouvé face à une barrière à guichet sur une piste juste pour accéder à un phare, joli certainement en tout cas je l’espère, « Outdoor is free » mais pas partout.

Camping, campings.

En s’écartant de la route circulaire il y a bien quelques pépites cachées, le camping de Thakgil, après 16 km de piste en impasse, le site est exceptionnel, en fond de vallée, il est encadré par deux cours d’eau dont un alimenté par une cascade et l’abri pour manger est dans une grotte. C’est un peu une adresse confidentielle, les occupants du soir y seront sympathiques et ouverts.

Les autres soirs varieront entre bonnes adresses et moins bonnes j’ai évité dès que la douche était payante et d’autres campings à caravanes, moins adaptés aux voyageurs. Le vent était très présent jusque 80 km/h en rafales et les températures de plus en plus basses la nuit. Et quand ils disent vent à 20 avec des rafales à 40 c’est en fait vent à 40 qui peut baisser parfois à 20 km/h. La tente de toit à même voulu se refermer une nuit, vu de l’intérieur ça fait bizarre.

Une dernière dans les Highlands

J’ai tenté une dernière incursion dans les Highlands, pour confirmer que je n’avais pas les moyens d’aller très loin et jeter un dernier regard vers ce centre pour me donner envie d’y revenir mieux équipé. J’en ai profité pour mon dernier bain chaud, une cascade chaude et un canyon avant de me tourner vers l’Est en attendant le ferry de retour.

Le reste du séjour était donc plus posé en prenant le temps d’explorer les fjords de l’Est là où il n’y avait rien dans les grandes lignes mais toujours quelque chose d’intéressant en prenant le temps de chercher comme me musée français avec son cimetière en honneur des marins français qui ont développé la pêche au début du XXe siècle.

Épilogue islandais

S’en est donc fini de l’Islande, après deux semaines, 3000 km de route, 300 km à pied et autant à vélo, il m’en reste pas mal à voir de cette île. Je n’y retournerai pas demain, à vélo certainement, mais surtout plus adapté à des conditions de terrain difficiles, je le savais, je n’ai juste pas eu le choix, c’était roadtrip/rando/gravel ou ne pas venir.

Et alors en gravel ?

Clairement le centre est difficile, le VTT ou le Fatbike sont bien plus adaptés, ce que m’a confirmé Thomas qui l’a fait une semaine avant moi en monstercross. Le gravel est bien pour les fjords Est et Ouest et c’est tout, de mon point de vue, la route 1 est à éviter à vélo, aucun de ceux avec qui j’ai échangé n’y ont pris de plaisir, c’est de la route, déjà, et surtout avec un trafic dense et des parties sur plusieurs centaines de kilomètres très monotones et très exposées, si c’est ce que vous cherchez, allez-y, sinon il y a bien d’autre choses à faire. Le seul regret que j’aurais ce sont les bêtes, il n’y a ni reptiles, ni batraciens et très peu de mammifères terrestres. Au détour d’un chemin en montagne je m’attendais parfois à croiser une marmotte, un renne, un bouquetin, une petite grenouille au bord d’une mare… mais non, que des moutons, très paisibles, mais que ça. Pour les mammifères marins, phoques et baleines, je les ai longuement cherché mais en vain. Il y a par contre beaucoup d’oiseaux, qui font des bruits où on a l’impression que leur téléphone sonne sans arrêt, et certains très territoriaux, j’ai eu quatre attaques d’oiseaux le dernier jour, rien que ça, on apprend vite à battre des bras au dessus de la tête, mais quand même.

Me voilà donc sur le retour, bercé plus ou moins doucement par le roulis et le tangage, plus qu’une étape de quelques jours au Danemark pour voir ce que je n’ai pas encore vu du pays et retour dans d’autres terres du Nord.

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