Gravel is Mine édition #0 – L’humain autour des mines

En septembre 2023 je suis contacté par Gilles Briand de la Mission Bassin Minier pour me proposer d’intégrer un projet gravel dans le Bassin Minier, cela fait quelques années que nous collaborons pour les cartes de Course d’Orientation et plus récemment nous avions échangé avec la Mission autour du gravel. Étant sensible à la mise en valeur du Bassin Minier par le vélo, c’est un honneur pour moi de participer à ce projet. Respectant mes mauvaises habitudes, je réponds un peu tardivement et à l’automne une réunion en visio est planifiée pour organiser le projet. Je rencontre virtuellement Simon et Romain qui me présente les détails, réaliser une épreuve autour du Bassin Minier de 350 km avec un tracé dans l’esprit du parcours des 7 Mineurs en passant par des sites emblématiques qui nous accueilleront. Le but et de créer un événement en 2025 avec une édition 0 en 2024 avec une vingtaine de participant·e·s d’horizons différents avec une sensibilité pour le vélo et le bassin minier. Ils visent pour cette pré-édition de faire le tour en continu sur une journée avec comme mot d’ordre « on part ensemble, on revient ensemble » . Même si je ne suis pas trop sensible aux défis et que j’ai lâché un peu sur les épreuves gravel, le projet me plait bien, en tout cas j’accroche bien à la philosophie. Les hasards de le vie feront que le projet et surtout son déroulement iront de pair avec une période compliquée personnellement et je devrais composer avec cela, ce qui au final m’apportera beaucoup pour continuer à avancer.

Entre fin 2023 et début 2024, un appel à candidatures est fait, les sélections se déroulent bien avec pas mal de candidatures, quatre entraînements sont prévus entre le début du mois de mars et le mois de juin. Faisant face à quelques soucis financiers dans mon entreprise, j’ai un déficit à combler pour garder la tête hors de l’eau et je dois alors mettre les bouchées double en ce début d’année. Je n’ai malheureusement pas assez de temps pour les projets à côté. Je suis l’évolution du projet de loin, l’équipe à l’air de s’en sortir à merveille, je peux garder la tête dans le guidon jusqu’au printemps.

Prologue – C’est un loupé

Le premier entraînement à lieu le 3 mars, j’avais noté une autre date, je reçois un message le matin de Gilles mais je suis en gueule de bois et je n’étais pas prêt pour y aller. J’irais au prochain. Je profite du retour de ce premier rendez-vous de cohésion pour me familiariser avec tout le monde, il y a des têtes que je connais, d’autres nouvelles, l’équipe à l’air sympathique et l’ambiance bonne. Les tenues sont superbes, je regrette de pas y être allé, même à l’arrache, je pressens que l’expérience sera mémorable, j’ai hâte d’être au prochain entraînement.

Episode 1 – Le 100 km – Coordination

Le rendez-vous est donné à l’étang de Chabaud-Latour à Condé-sur-Escaut, ce sera aussi le départ et l’arrivée de la boucle finale. En arrivant je commence à rencontrer l’équipe, Stécy, Catherine, Thomas, Chloé, Ludo, Emilie, Alex, Ingrid… Et bien sûr, Simon et Romain, les organisateurs. Le contact est bon nous nous découvrons, j’avoue que le fait d’avoir loupé le premier entraînement me donne l’impression d’être un peu à part, en plus je n’ai pas le tenue officielle, rien de grave, mais il faut le temps de s’acclimater au groupe, nous aurons tout le temps de faire connaissance sur les chemins.

La sortie va bon train, j’en profite pour discuter avec un maximum de monde. Après quelques heures sans réelle pause, les écarts se creusent, ça appuie devant et ça s’étire derrière. Avant d’être dans les groupes de ride, j’étais plutôt un cycliste solitaire ce qui me convenait bien, rouler sans contrainte et sans gérer un groupe. A force de rouler en groupe j’ai compris plusieurs choses, j’aime bien partager une sortie de groupe quand il y a une cohésion. Si c’est pour que chacun·e roule à son rythme sans se soucier de ce qu’il y a devant ou derrière et qu’on se retrouve peut-être à la fin, cela ne m’intéresse aucunement. J’aime bien quand des cyclistes de différents niveaux partagent une sortie en se mettant au niveau des autres que l’effort soit partagé comme les bons et les mauvais moments, ça fait des souvenirs c’est plus agréable et ça donne sens, pour moi, à la sortie de groupe. J’ai donc appris à gérer les groupe par l’avant ou le milieu en ayant le rôle de limiteur ou pacer qui donne le rythme en ayant le rôle de tampon entre les champions du monde de la balade devant et les autres pas dans le même délire derrière. Cela peut être simple à gérer avec un groupe ou la communication passe bien et où chacun à en tête que la sortie de groupe est un moment de partage et que non, rouler sous ton rythme n’est pas épuisant mais rouler en sur-régime peut l’être pour d’autres et cela peut diriger la personne vers l’échec ou bien le dégout. Ce n’est pas difficile de faire en sorte de contenter tout le monde, cela demande juste un minimum d’organisation pour rentrer ensemble dans la bonne humeur et sans forcément avoir perdu la journée.

C’était l’état d’esprit qui devait y avoir pour la sortie finale, pour le moment ce n’était pas gagné mais pas catastrophique non plus. Je n’avais pas pu plus m’investir jusque là, je pouvais jouer ma carte de mon expérience en gestion de groupe de ride sur de la longue distance, donner le bon rythme pour tenir dans la durée, ce n’est pas grand chose mais c’est déjà cela.

Pour le reste je me rappelle peu de la sortie, un peu de forêt, des cités minières, c’était bien roulant, j’ai pu un peu faire connaissance avec quelques-un·e·s, admirer les montures, observer le groupe, les différents niveaux et profiter de la bonne ambiance. J’avais déjà hâte d’être au prochain entraînement.

150 km en semi-nocturne – La cohésion

La nuit en longue distance est un moment particulier que nous ne vivons pas tous de la même manière en fonction de notre appréhension, de notre niveau technique et de notre capacité/habitude à gérer la fatigue. La partie la plus critique sur une nuit complète se situe vers 5h avec la température qui baisse, le corps ne sait pas si il doit s’endormir ou se réveiller, finir ce cycle et se reposer ou en commencer un autre et reporter le repos à plus tard. Pour bien appréhender cette étape, le départ était donné vers 3h pour que le groupe soit confronté au passage de l’aube et de rouler un peu plus après.

Le parcours démarrait au Centre Historique Minier de Lewarde et se déroulait dans le douaisis que Vincent, le local de l’étape, n’a pas hésité à nous parler longuement comme il aime à le faire. Le temps était doux au départ et je me rappelle surtout des bords de canal avec Thomas. Ce dernier, tranquille, grand et fort a acquis sur cette expérience le surnom de papa de l’équipe. Déjà sur le 100 km, il était en soutien à l’arrière du groupe et il reprendra sur les autres sorties et la boucle final ce rôle qui lui va si bien. Pour ma part, étant devant, je ne roulerai plus avec lui sur toutes les sorties Gravel is Mine, c’est bien d’avoir une personne de confiance sur l’arrière du groupe.

Juste avant le lever du jour, la température avait un peu baissée par rapport au départ deux heures plus tôt. Je ne sais pas si c’était la fatigue qui commençait à se faire sentir ou non, mais en haut et bas court, il fallait un peu plus appuyer sur les pédales pour faire circuler la chaleur dans les jambes.

Je passerai ensuite un bon moment avec Vincent juste avant de lever du jour dans la campagne, il me racontera ses trails, ses expériences de bikepacking, sa région, il parle bien presque autant qu’il roule et qu’il courre et il fait de l’ultra… J’aime bien parler et échanger, ce sera un bon camarade pour ne pas voir passer les heures de selle.

Nous aurons la chance d’avoir le lever de soleil sur les marais d’Arleux, entre les étangs, les forêts, les campings de bungalows qui se succèdent et ce soleil qui commence à nous réchauffer, cela ressemblera à l’Australie, je n’ai jamais été en Australie mais si je devais me l’imaginer, elle ressemblerait à ça.

Lors de notre passage en forêt de Marchiennnes, nous ne pouvions pas louper l’arrêt à la Croix ou Pile, bar au croisement des deux routes principales au coeur de la forêt. C’est l’occasion de descendre du vélo détendre les jambes, boire un café et manger une crêpe. L’ambiance est agréable, nous avançons bien, la sortie sera vite bouclée après ce ravitaillement.

Le passage de la nuit na été qu’une formalité, nous étions dans cette période que nous appréhendions entre le jour et la nuit, entre le rêve et la réalité, mais ce qui était sûr c’est que l’équipe était en train de créer des liens, de se souder. Je ne doutais pas de la réussite du projet de finir la boucle ensemble avant cela, mais à partir de là j’en étais certain, rien ne pouvait plus entraver l’avancée du groupe. Il nous restait une dernière répétition, le 200 avec un départ à 6h pour une grosse journée de gravel. Le rendez-vous était pris, j’étais impatient d’y être.

Episode 3 – Le 200 dans l’Artois, s’adapter.

Pour ce dernier entraîneur, je revenais tout juste du Jura où j’ai partagé quelques jours de VTT avec des amis dans des conditions assez humides où je me suis un peu blessé au genou, rien de grace mais une grosse plaie à surveiller. Il faut dire que c’était une constante les terrains humides pour ce printemps 2024, les chemins resteront détrempés jusqu’à l’été. Le programme de l’entraînement était alléchant, parcourir les forêts, les monts et les terrils de l’Artois et de Lens pour une sortie volontairement un peu plus technique que la boucle finale qui avait lieu 15 jours après, oui mais… Les précipitations des semaines précédentes avaient décidé de rajouter une difficulté supplémentaire.

Nous avions rendez-vous à 6h dans la Cité des Électriciens à Bruay-Labuissière et nous entamions ce 200 par le Bois des Dames à proximité. Dès les premiers kilomètres nous pédalons dans la purée de pois, ça colle, ça glisse, ça n’avance pas, je fais une petite chute sur mon genou déjà blessé, nickel. Par rapport aux autres entraînements les chemins sont plus techniques, plus boueux, le groupe s’étire et les problèmes techniques nous ralentissent encore plus, les heures défilent, le moral de l’équipe en prend un coup. Après quelques heures, il faut se rendre à l’évidence, à ce rythme nous ne finirons pas avant la nuit. Avançons et nous aviserons.

Les sites s’enchaînent, les terrils de Marles-les-Mines, le pernois, la Comté, pas celle des Hobbits, nous bourlinguons dans la grisaille jusqu’à Olhain où nous avons notre pause du midi. Le soleil a pris la peine de montrer le bout de son nez, il est temps de faire le point. La moyenne est pas loin des 15 km/h, ça fait un peu plus de 13h de roulage soit 21h mini avec les pauses, les mines sont fatiguées et il reste un gros bout, il va falloir s’adapter. C’est la dernière répétition avant la grande boucle dans 15 jours, si nous finissons cette sortie sur les rotules, de nuit, un dimanche soir avant d’entamer notre semaine, ou pire si il y a des abandons en masse, ce ne sera pas bon pour la suite. Il faut remotiver les troupes, s’adapter pour « survivre » à cet entraînement et devenir plus résiliants.

Nous savions que le parcours était volontairement plus difficile que la boucle de 350 km ce qui d’un sens nous rassure, mais c’est bien de ne pas trop couper pour faire quand même un bon bout pour l’entraînement. Sachant cela, je repère les coupes possible et on en discute avec Romain et Simon, le mot d’ordre et de ne pas trop charcuter la trace. Nous passons le mot lors de la pause du midi et à renfort de brownies savamment distribués par Simon, le moral remonte et nous nous lançons sur la deuxième partie de la trace.

Le parcours nous amenait ensuite vers le gué de Caucourt et l’arrière pays de l’Artois que je connais bien et que j’apprécie toujours autant à vélo. Puis ce sera Lorette, le Monument Canadien, puis Lens. Les chemins sont plus roulants, le rythme reprend bien et, malgré la fatigue qui se ressent, les sourires reviennent et les kilomètres défilent. Il y aura qu’une coupe majeure pour éviter 40 km et nous filerons bon train dans la plaine vers l’arrivée que nous atteindrons vers 20h30, pas trop tard pour ne pas saper le moral et pouvoir rentrer tranquillement chacun chez soi en ce dimanche soir. Ces 160 km se méritaient, ils n’étaient pas gagné d’avance et malgré le raccourci, nous étions remontés pour l’épreuve ultime deux semaines plus tard avec pas moins de 190 km en plus à parcourir. Il restait un peu de repos et la fin de la préparation pour que toit se passe pour le mieux.

Gravel is Mines édition beta – La consécration.

A venir

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