Une semaine de bikepacking dans l’Herault sur la 727

Des infos complètes sur le site de Thierry

Si vous traînez un peu sur les pages de bikepacking, vous n’êtes pas sans connaître Thierry Crouzet, écrivain bikepackeur, il est familier des réflexions autour des aspects techniques de notre pratique, tant au niveau des choix techniques (le gravel, les pédales plates…) que des organisations. Ses réflexions ouvrent toujours le débat et sont bien étayées avec un avis parfois tranché mais toujours assumé. Thierry propose depuis deux ans un itinéraire pour faire le tour de l’Herault en VTT sur 600 km. Présenté comme un tour exigeant et varié, cela faisait un moment qu’il était dans ma liste d’envie. Profitant d’une semaine de libre fin avril, je me suis donc lancé sur l’itinéraire en décalant un peu le départ et l’arrivée à la Gare de Montpellier à quelques kilomètres de la trace.

La 727

A lire Sète to Sète, le parcours suit au plus près la limite du département de l’Herault, j’avoue ne pas avoir trop préparé l’itinéraire, je savais qu’il y avait la mer, la montagne, des villes et des villages régulièrement pour ravitailler. Le site de Thierry en lien au dessus offre toutes les informations, vous aurez vraiment tout ce que vous cherchez. Me voilà donc parti avec mon Roubaix en singlespeed pour boucler la boucle et découvrir l’Herault que je connais peu au final. Pour l’équipement cela reste habituel, le minimum pour la pluie et le froid, la semaine promet d’être douce.

L’itinéraire peut se découper pour moi en cinq grandes parties, le littoral du Languedoc, le Minervois, la Montagne Noire, le Haut-Languedoc, le Causse du Larzac et le Piémont Cévenol, il y en a six mais c’est pour voir si vous suiviez.

Le littoral du Languedoc

Une partie de la fin et du début se font sur la partie littorale, celle-ci s’étend depuis Marsillargues jusque Lespignan mais avec des incursions dans l’arrière-pays. L’étang de Thau est vraiment le point central de cette partie, nous le suivons un moment et les points de vue du l’étang et Sète sont nombreux, cela tombe bien, c’est le nom de l’itinéraire. Nous serpentons souvent entre les marais, les étangs, les vignes et une partie se fait sur le Canal du Midi. Je me rends vite compte que le parcours favorise au maximum les chemins, les pistes et les single. Si c’est possible de passer par la route le choix est fait de prendre les chemins, même de très petits chemins. Certains sont juste des chemins d’exploitation des vignes très peu visibles. Il faut être vigilant, au début je loupe pas mal d’entrées de chemins, je ferais plus attention par la suite.

Même si certaines portions sont plates, quelques bosses apparaissent et soyez sûr que vous irez les visiter, aller au sommet pour toucher du doigt les éoliennes et redescendre dans la plaine avant la prochaine bosse. La montagne de la Gardiole est la principale, les bosses sont dans les terrains calcaires du Secondaire avec leur cailloux à bords francs qui aiment bien croquer les flancs des pneus. Les montées sont souvent assez roulantes, par contre si il y a un single pour descendre, vous l’emprunterez. L’itinéraire est très bien travaillé, c’est ludique et technique. Les parties dans la plaine maritime sont parfois sableuses mais le plus souvent en graviers ou en terre, après un épisode pluvieux cela pourrait s’avérer un peu plus gras, là il n’en était rien.

L’influence méditerranéenne est bien présente à la fois dans le paysage avec une végétation sèche de pins et de guarrigues et aussi avec les élevages de taureaux de Camargue. Ils sont beaux et majestueux avec leur robe noire, j’aurais l’occasion de les apprécier de plus près, en suivant un chemin je passe une barrière et me retrouve rapidement entouré de taureaux, ils ne sont pas agressifs, au contraire, ils ont plus peur que moi je pense, en contrôlant le GPS je me suis rendu compte que je n’avais rien à faire là et que j’avais loupé le chemin avant la barrière. La sortie du littoral se fait en empruntant le canal du Midi qui ouvre la porte du Minervois.

Le Minervois

Une fois la partie maritime dans notre dos, les bosses et les vignes s’enchaînent jusque Caunes-Minervois. Les villages sont marqués par leur origine médiévale, comme sur tout le parcours d’ailleurs. Les montées commencent à être plus régulières et la Montagne Noire se rapproche peu à peu.

La Montagne Noire.

A force de la voir se rapprocher, il y a bien un moment où il va falloir la grimper. La montée de Caunes (et non l’inverse) est longue mais régulière. Pas loin de 800 m de dénivelé en 10 km, elle fait passer de la plaine a un relief découpé et plus humide, de la Méditerranée au Massif Central. Une longue descente se présente rapidement jusque Labastide-Rouairoux. Elle ne sera pas de tout repos, c’est un long single en corniche, il y a quelques arbres en travers du chemin, c’est technique et bien plaisant.

Mais à peine en bas qu’il faut déjà remonter et là les pentes ne sont pas les mêmes. Pas mal de poussage pour moi sur la montée des Trois Cols et ensuite le parcours est assez cassant, des petits coups de cul et pas mal de changements de direction, ce n’est pas fluide, je ne peux pas anticiper et la moyenne chute drastiquement. C’est très humide avec des passages à gué, des flaques, de la boue, la Méditerranée semble loin.

Après le passage à la Salvetat-sur-Agout, nous rentrons au cœur du Haut-Languedoc avec les monts du Somail. Le rythme est plus régulier et les pistes s’enchainent. Le Saut de Vezoles offre un magnifique point de vue. Les pistes s’enchaînent ensuite sans arrêt en passant par le point culminant du tracé à 1060 m, puis vient la descente jusqu’au lac d’Avène par les Monts d’Orb. Il faudra d’ailleurs remonter un peu pour mieux apprécier la vue sur le lac. Avec la descente, les pistes redeviennent calcaires, la végétation se fait plus sèche, le chêne vert occupent les flancs et le buis embaume l’air.

Le Causse du Larzac

La bordure du Larzac apparaît avec le passage du temple bouddhiste Lerab Ling, je savais que le Larzac était une terre d’idéologie pacifiste, au moins là c’est clair. La forêt de l’Escandorgue commence à poser le paysage du plateau, les blocs calcaires deviennent de plus en plus nombreux et la végétation de plus en plus sèche.

L’itinéraire débouche sur le plateau par les Rives, le Caylar n’est pas loin derrière. Le plateau semi-désertique digne d’un paysage de Western se traverse d’abord rapidement, puis moins, beaucoup moins. En s’approchant des Gorges de la Vis, célèbrent pour le Cirque de Navacelles, les passages de barrières deviennent nombreux, très nombreux, les chemins sont avant tout pédestre et la progression est parfois très ralenti. Pour le reste c’est beau, j’ai même croisé un groupe de patous qui est venu me saluer et m’accompagner gentiment jusqu’à la prochaine barrière.

A chaque barrière passée, la frontière méridionale du Causse du Larzac se rapproche. La descente du rocher de la Chandelle marque le basculement vers un nouveau paysage. Le passage est très technique, pentu et long, c’est un vrai bonheur de vttiste même si les mains tétanisent à la fin. Ce n’est pas du niveau de tout le monde, il faut prendre son temps pour arriver entier dans le Piémont.

Le Piémont Cévenol

Avec le pays de Buèges, la chaleur revient, les cailloux sont toujours présents, le paysage se creuse de vallées sèches et la garrigue tend à se développer. Les vignes réapparaissent et les puechs, les monts occitans, viennent casser la ligne d’horizon. Avec la plaine, le littoral n’est pas loin. Il permettra de tirer sur la trace dans les stations balnéaires permettre au tour d’être un tour en fermant la boucle.

Et alors comment ça s’est passé pour moi ?

À la gare de Montpellier, c’est ni usé ni blasé que j’arriverai mais serein. J’ai pris la semaine pour faire le tour et j’ai adapté mes journées en fonction. J’ai fait 4 nuits dans des campings, une mention spéciale pour ceux de Bouzigues et de Bize-Minervois, une nuit à l’hôtel et la dernière nuit chez des amis (merci Antoine et Charlotte). Pour les ravitaillements, il était possible de se ravitailler très régulièrement, avec des supérettes, restos, boulangeries, sans parler de l’eau présente dans chaque hameau. Il n’y a que entre la Salvetat et le lac d’Avène qu’il n’y avait pas de ravitaillement solide possible pendant 100 km, il faut juste anticiper. L’accueil était très bon partout, sur tout le trajet les commerçants m’ont offert, des pommes, un sandwich et un pain au chocolat.

Le site de Thierry vous donnera toutes les informations que vous souhaitez sur le parcours, vraiment. Je n’ai pas suivi la règle de ne pas utiliser la trace Komoot, j’aurais dû car sur mon GPS j’avais des lignes droites au milieu de nul part très régulièrement. Heureusement que j’avais Iphigenie en parallèle, cela aurait été dommage de louper certains chemins pépites. Prenez le gpx. Enfin c’est un itinéraire VTT à faire en VTT ou monstercross, il n’y a rien d’autre à dire, si vous avez un gravel, il y a un itinéraire gravel.

J’étais en full rigide avec des pneus en 55 mm gonflés à 1,5 bars, c’était vraiment nickel, en confort, rendement et adhérence, j’étais très bien, je pouvais lâcher les freins et envoyer en descente sans problème. Les flancs renforcés sont assez indispensables, les pierres du sud sont agressives et même en étant en Endurance+ , les flancs de mes pneus sont assez bien marqués. Enfin, j’étais en singlespeed en 34×20, c’est assez bien passé. Sur la journée la plus difficile, j’ai 5km de marche sur 100 km, comme d’habitude, au pire je pousse et quand je pousse, j’avance quand même.

Un tour passionnant par un passionné.

L’Herault, ce département que je ne connaissais que trop peu est bien mis en valeur par cet itinéraire. Il brille par la variabilité des paysages rencontrés, il bénéficie de l’influence des territoires le bordants auxquels il emprunte les traits principaux pour créer un tout unique et diversifié. Nous passons des sables aux calcaires en passant par les marbres, les granits et les basaltes. C’est un itinéraire préparé aux petits oignons, il y a eu du travail, ça se voit, ça se sent. Au delà de sa technicité et des difficultés du relief, c’est réellement un tracé de qualité que je ne saurais que trop recommander mais pour un public averti.

Merci Thierry.

2 commentaires sur “Une semaine de bikepacking dans l’Herault sur la 727

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  1. Super que l’Hérault t’ait plu 🙂
    C’est vrai qu’il y a beaucoup de caillasse mais les paysages valent le détour ! Pour ma part je me lancerait sur la 727 gravel en septembre, j’ai hâte !

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