
Après le Danemark, le passage en Allemagne se fit par un pont, l’arrivée sur Flensburg était aussi l’occasion de dire au revoir à la mer Baltique. Qui dit arrivée en Allemagne dit retour à l’Euro déjà, mais aussi mode de vie allemand. En cette fin de samedi ensoleillé, le port de Flensburg fourmillait, les beer garten étaient plein à craquer, l’ambiance légère et la soirée douce. Je poussais jusqu’à l’extérieur de la ville pour trouver un camping, le gérant, un vieux monsieur recroquevillé sur lui-même, était très accueillant et bavard mais en ne parlant qu’en allemand, c’était un véritable sketch. Je croiserai deux français au camping qui terminent leur périple à Hambourg sur l’Eurovelo.


Un dimanche au bord de l’eau.

Le lendemain je me dirigeais donc vers Hambourg dans un dimanche ensoleillé. J’atteins rapidement les parcs à la périphérie la ville qui me conduisirent jusqu’au centre. Il y a du monde, à vélo, à pied et sur l’eau, les chemins s’enchaînent entre les étangs Je me fais plusieurs fois interpellé car je n’ai pas de sonnette pour prévenir. Après 30 km de parc, j’atteins enfin le centre, il y a beaucoup d’animations, une course cycliste, je me pose au bord du lac pour manger. Je trouve un snack italien au bord de l’eau, le gérant fait partie de ses italiens très expansif dont on a l’impression qu’ils parlent toutes les langues.

La traversée du centre est épique avec quelques détours du fait du tracé hasardeux, et des feux, beaucoup de feux rouges, il y a des pistes partout, et sur une intersection si je veux aller à gauche cela se fait en deux temps et il y en a pour 5 min. En suivant le tracé je le retrouve sur un quai touristique face à la … mais sans pont, le tracé traverse. Il y a beaucoup de monde et c’est difficile d’avancer, mais après quelques recherches, il y a en fait un tunnel piéton et vélo desservi par des ascenseurs pour traverser le fleuve.

Une fois dans le Sud d’Hambourg, les quartiers deviennent plus populaires, les paddle ont disparu, ce qui n’empêche pas les habitants de profiter de l’eau pour autant. Il me faudra encore 30 km pour sortir de l’agglomération. J’en sortirai usé et m’arrêterais rapidement après.
Vers le Sauerland

Les jours d’après s’enchaînèrent comme des heures. Le rythme des journées et des soirées était bien ancré et devint routinier à la limite du monotone. Les pistes cyclables et les chemins se succéderont sans trop de discernement entre zones de forêts et landes sableuses. La routine fut un peu rompu par le passage dans le parc de Sundberg. Sa lande violette se développent sur les collines alentour à perte de vue. Dans les autres zones à noter, il y a les formations gréseuses de l’Externsteine, des falaises et collines de grès dégagées et dessinées par le temps et donnant l’impression de faire partie d’une décor. Il y a également la base militaire de Paderborn, le tracé l’a suivait pendant une dizaine de kilomètres entre les chars abandonnés et les villages fantômes. À mesure que j’avançais, la température montait sensiblement chaque jour, l’herbe se faisait moins verte et le relief commençait peu à peu à naître. Cela devenait plus difficile d’avancer du fait de la chaleur mais surtout des pentes qui se présentaient sous mes roues.


Avec l’arrivée sur le Sauerland, ce massif proche des Vosges en formation et en relief, mon ratio unique devint vite limité. Après quelques poussages sur les collines déboisées aux chemins défoncés, je suivis la vallée pour éviter le coup de chaleur et le ras le bol. Aidé par la voie ferrée, j’atteins Cologne après 4 jours sans réel discernement entre les jours. J’étais dans le milieu de ma dernière semaine, le tracé s’infléchissait ensuite vers le Sud et les Vosges, j’étais au plus proche de Lille. L’European Divide s’arrêtait là pour moi, il fallait penser à rentrer.

Retour à Lille, 1/3.

Sur les bords du Rhin, le camping de Cologne est un camping de voyageurs à l’animation constante et à l’ambiance décontractée. Je préparais mon retour vers Lille, il le restait un peu plus de 300 km soit 3 jours sur le rythme que j’avais. Le premier jour fut la sortie de l’Allemagne, quelques pistes à travers les terrils et les friches industrielles commençaient à me préparer au paysages du Nord. J’atteins la frontière néerlandaise dans l’après-midi et je traversa rapidement sous la pluie une frange du pays coincée entre l’Allemagne et la Belgique.

Une fois en Belgique, je trouva un camping en bordure d’une zone naturelle, la bière était offerte avec la place de camping. Le camping était quelconque, humide et majoritairement composé de mobil-home et de caravane devenue sédentaires. Lors de l’installation du campement, je ne sais pas si c’est la succession des jours sans distinction, le cadre du camping déshumanisé ou la proximité de la fin, mais j’en avais marre, clairement, j’avais hâte que cela se termine.

Retour à Lille 2/3 et 3/3.

J’entama le lendemain la traversée de la Belgique avec comme objectif de dormir à Bruxelles. Pour la première fois depuis l’Ocean Glacial Arctique, j’avais le vent dans le dos. J’avançais donc bon train et a un tel rythme que j’atteins Bruxelles en début d’après-midi, je chercha un camping, le trouva dans le Nord de Bruxelles, mais l’envie de rester là cette nuit, de planter la tente, de tout remballer le lendemain pour rentrer n’était plus là. J’avais ce qu’il me fallait pour manger, je décidai donc de continuer. Il me restait 120 km vent de dos, ce fut vite avalé, partagé entre la fatigue du mois, l’envie d’en finir et l’ivresse des kilomètres.

A 22h la frontière française était devant moi peu après le canal de Roubaix à Estaimpuis, après un petit détour, j’atteins Lille un peu après 23h après 236 km sur la journée, 4500 km depuis un mois dont 3500 à vélo, 8 pays et une seule vitesse. J’étais rincé mais heureux et fier de finir, de rentrer.