296 km, 2756 m de dénivelé en 24h46…
Certainement la montée la plus épique de ce dernier jour. Photo : Alain
Réveil à 5h, le rituel, rangement du paquetage, grignotage, en selle à 5h45. Lorsqu’on démarre comme ça peu de temps après le réveil, les yeux ne sont pas encore bien réveillé, mais là je sens qu’il y a quelque chose d’autre. Ma vue est un peu trouble, il y a un peu de brume, mais j’ai un oeil qui n’arrête pas de pleurer et qui a du mal à s’ouvrir. Avec l’accumulation de fatigue, de vent, de moucherons et de poussière, j’ai un œdème des paupières, il est plus marqué sur l’oeil droit. C’est, à priori, le dernier jour, j’espère que ça va passer en roulant.
La sortie de Guidel se fait à travers les dunes dans une légère brume matinal, il fait frais ces conditions sont toujours un moment agréable d’échauffement physique et de réchauffement des paysages avec le soleil qui monte doucement sur l’horizon. C’est aussi pour ça que j’aime partir seul le matin, pour profiter au maximum de cette sensation générale de sortie de l’engourdissement nocturne.
Revenons en à notre épreuve… je zigzague tranquillement au milieu des stations balnéaires et il faut aller chercher le CP à Lomener, c’est un café, ce serait parfait pour le petit-déjeuner. Entre temps Alain et Clément m’ont rejoint. Le CP est validé mais le café est encore fermé, il est vrai qu’il est 6h30… Nous continuons, la trace traverse quelques villes et villages jusque Lorient, nous trouverons bien.
Un selfie sans les yeux
Arrivée à Ploemeur, un bar est ouvert avec une boulangerie en face et, surprise, deux vélos sont déjà installés devant. Il est vrai que nous sommes surpris car nous n’avons pas vu d’autres concurrents depuis le premier jour. Je reconnais le Niner de Luc, un rennais rencontré sur la French Divide, il est installé dans le bar avec Philippe dont nous faisons la connaissance. Nous sommes étonnés de voir Luc ici, car il était derrière nous le premier jour et nous ne l’avons jamais vu passé. En réalité au niveau de Crozon il a chargé la trace des retardataires qui évitait la presqu’île, s’en rendant compte un peu tard il a continué et fait route avec Philippe depuis un petit moment. Philippe est un toulousain dans la force de l’âge, même si il ne veut pas le reconnaître, qui a avancé jusque là à la 5eme place (pour information, ce n’est toujours pas une course…) et premier VTT.
Notre équipe se voit donc complétée de deux personnes supplémentaires, dans ces moments de fin de course c’est toujours réconfortant. J’avais eu le même Cas de figure sur la fin de la French Divide ou j’avais rencontré et finis les trois derniers jours avec Adrien. Même si c’est une épreuve individuelle, nous avançons avec les autres, chacun à son rythme et dans une ambiance légère qui fait un peu oublier l’accumulation de maux et de fatigue. Si nous nous retrouvons là à ce moment de la GTB c’est que nos rythmes sont proches.
Sur une des voies verte de la journée. Photo : Alain
Nous reprenons donc la route, jusqu’au niveau de Lorient le parcours reste très urbain, la trace descend ensuite vers le Scorff, dans une vallée boisée au coeur des hêtraies et des châtaigniers. J’avais déjà eu l’occasion de faire des relevés dans une forêt en amont et je retrouve les paysages que j’avais rencontré. Nous arrivons rapidement à Plouay au km 836, c’est l’avant dernier CP, il reste 250 km jusque l’arrivée… Nous faisons le plein de nourriture car nous n’allons rencontrer que des villages et des hameaux pendant un bon moment.
Un oeil s’ouvre à l’avant dernier CP
La dernière partie du tracé m’avait marqué lors de la préparation avec une partie très vallonnée qui traverse beaucoup de forêts avec trois portions de voies verte. Mais le road-book ne me disait pas quel était la nature des chemins, 250 km cela peut se faire en 10h comme en 25h…
Effectivement cela est vallonné, les montées sont toujours droit dans la pente avec certaines mémorables.
Les forêts s’enchaînent et sont particulièrement agréables à traverser. A Camors, où nous ferons notre pause du midi, succède Floranges, puis Treulan, les singletrack sont exquis mais avec le dénivelé les moyennes restent faibles et les kilomètres défilent trop paisiblement. Mes espoirs de finir dans cette journée s’envolent, en plus la fatigue commence à se faire sentir. Je consulte les autres ils en sont au même point, seulement 60 km depuis la pause du matin…
Pause du midi en forêt de Camors. Photo : Alain
Après Saint-Jean Brévelay, nous suivons un single rocailleux sur la crête, le vélo se comporte à merveille, je gère la fatigue qui commence a se transformer en coup de mou. Nous savons que le prochain village n’est pas proche et la moyenne reste faible. Avant d’attaquer un autre single, nous improvisons une pause qui se transforme rapidement en sieste. Je rêve de glace, de boisson sucrée, de biscuits… 10 minutes seront suffisant pour recharger les batteries jusqu’au prochain arrêt.
Quand la sieste tombe comme la foudre… Photo : Philippe
Arrivée à Trédion, une épicerie nous tend les bras, nous la dévaliserons. Après 2 sodas, une plaque de chocolat et 8 brioches je me sens plus plein que rassasié, mais ça fera l’affaire. Les autres ont fait de même et nous nous « extasions » devant la quantité dé déchets issue de cette seule pause !
Nous reprenons les chemins paisiblement à travers les forêts bretonnes et les singletrack tortueux. Lanvaux et Molac nous offre des portions de pistes forestières un peu plus roulantes. Nous nous approchons peu à peu du dernier CP à 120 km de l’arrivée, il est 18h…
Sorti de la forêt nous atteignons une portion de voie verte, on va pouvoir avancer un peu plus. Lorsque les panneaux nous indique Malestroit, le CP, à 6 km, la trace quitte la voie verte et s’engouffre sur un chemin qui n’en est pas ou plus un, c’était trop facile, il nous fallait encore un peu de difficulté. Nous apprécions à notre manière ce clin d’œil de Fred… Cela me rappelle une certaine boucle avant Lourdes…. Le parcours rattrape ensuite la route pour monter encore un peu avant d’atteindre Malestroit. La fatigue est bien là, mais avec l’approche de la ville, et l’éventualité d’un restaurant, l’adrénaline a pris un peu le dessus pour aller chercher le peu d’énergie qu’il me restait.
Dernier CP…
Il est 19h, je me pose littéralement devant le CP sur la place de Malestroit, nous avons fait 170 km en 10h15, il reste un peu plus de 120 km, il va falloir réfléchir un peu, mais avant cela mangeons….
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