Gravel Tro Breizh 2020 Chroniques d’une blague un peu longue mais plaisante au final

Hiver – Printemps 2020 – Mise en scène

Deux ans après la participation à la première Gravel Tro Breizh que j’avais adoré, tant au niveau de l’expérience vécue avec Clément Jacqueline aka Pistache que de l’organisation de Fred. Lors une soirée de réhydratation post-ride de l’hiver 2020, je décide de me relancer dans la GTB en 2021, mais pour ma deuxième participation, je la ferais en singlespeed. Pour quelle raison me direz vous ? Pour changer, pour tester, j’ai déjà été finisher, je vais tester autre chose cette fois. Quelques temps après, l’Italy Divide à laquelle je devais participer cette année est annulée, je m’inscris sur la GTB d’abord prévue en mai puis fin-septembre. Il n’y a plus qu’à attendre.

Septembre 2020 – Matériel et préparation

Je reviendrais dans un autre article sur les aspects techniques et matériels, mais globalement je suis parti avec mon vélobar, le vélo que j’utilise au quotidien. Il est vrai que ce n’est pas n’importe quel vélo, déjà c’est un Surly, ensuite un Straggler et enfin il a déjà fait la French Divide, la Tuscany Trail et quelques autres sorties en ultra, gravel, cyclocross, mais jamais la GTB. Du haut de ses 15 000 km n’est donc pas un novice du bikepacking et de l’ultra et il fera l’affaire. Le Roubaix plus adapté aux terrains et à l’ultra restera au garage, il a bien roulé cet été.

Pour la préparation, malgré tous les événements annulés en 2020, j’ai bien pu rouler, j’arrive avec 8000 km dans les jambes depuis le début de l’année. Cet été j’aurais vu l’Alsace (CR à venir) et le Massif Central. Et depuis fin aout j’avais accumulé 4 semaines de vélo avant la GTB entre l’Alsace (encore), Amsterdam, le Bassin minier avec le magazine 200 et la partie côtière du North Trail. Je reconnais que c’était peut-être un peu trop et que pour une participation à une épreuve d’ultra je n’ai pas les deux semaines de coupure avant pour faire du jus et arriver reposé. Je me dis que je le ferais à l’expérience et que je participe surtout pour la blague, donc je n’ai pas de pression, je n’ai pas envie de m’en mettre.

26 septembre – 16h – Rennes

Arrivée sur Rennes avec Vincent, un rookie de l’épreuve mais pas du vélo. L’accueil est chaleureux, on retrouve les copains, on parle vélo, on regarde les vélos, l’orga met à disposition des bières, c’est bien de profiter, mais il faut pas oublier que le lendemain on part pour 1278 km… A 20h j’ai un peu trop bu… pas assez de pression pour me mettre des barrières, pas grave, je me reposerais

sur l’expérience toujours, l’expérience…

27 Septembre – Rennes – Gouarec – 202 km – 11h – 2320 m – 8 km à pied

Crédits : geoportail.gouv.fr

7h24 – Après une bonne nuit à l’hôtel offerte par Alain, un participant qui n’a pas pu venir, j’ai un peu récupéré de la veille, juste la tête un peu lourde. Le départ est vite donné, je suis dans la vague avec Emilien, Clément et Stéphane, on fera un petit bout ensemble, et les chemins s’enchaînent jusqu’au canal. Le ratio de vitesse passe bien.

8h30 – A la sortie du canal, le relief apparait et les chemins techniques avec. Les kilomètres défilent et je trouve mon rythme, un peu trop élevé à mon goût, mais c’est le problème en monovitesse, si je baisse de rythme, je monte en force. Je croise pas mal de monde, l’ambiance est bonne. Je fais un bout avec Jéjé qui s’envole ensuite, il est en forme le bougre, on ne le sait pas encore mais ça va payer. Puis je roule avec David, il est très chargé, mais sympa et souriant c’est plaisant de rouler avec lui. Je profite de l’épicerie de Médréac qui est ouverte, j’ai l’impression que ça va être dur d’en trouver d’autre, je fais le plein pour la journée.

11h – Vient la voie verte et son faux-plat montant, l’avantage en singlespeed c’est qu’en faux plat montant on a toujours l’impression d’accélérer, ça passe bien si il n’y a pas trop de vent.

12h44 – Merdrignac – C’est l’heure de la pause, 5h de roulage. Je recroise l’équipe d’orga, Louis, Clément, Fred puis Aubin un peu plus loin, chacun à son rôle, on rigole, ça fait du bien de les croiser car au final, je roule souvent seul.

15h – L’après-midi s’écoule tranquillement je croiserais Armand Becuwe au dessus de Ferrières, le village où il s’est installé. Après Loudéac et Saint-Caradec, nous suivrons la Rigole d’Hilvern, cours d’eau artificiel qui court à flanc. Les bosses s’enchainent et le jambes commencent à fatiguer, il fait bon dans l’après-midi, je rempli les bidons régulièrement. La montée vers la chapelle Notre Dame de Lorette de Quillio est raide, elle passera mieux à pied. Ensuite ce sera le coup de mou, les jambes dures, pas d’énergie, je mange et je bois beaucoup, les côtes suivantes, même les plus petites, se passeront en poussant.

17h – Arrivé à Mur de Bretagne et au Lac de Guerlédan, mon état ne s’arrange pas. Il est trop tôt pour s’arrêter, je décide de pousser jusque Gouarec, il y a une pizzeria, puis je verrais. Le passage en forêt le long du lac est beau avec un magnifique soleil de fin d’après-midi mais les montées sont difficiles. Je suis dans un état second. Les derniers kilomètres vers Gouarec seront pénibles.

19h – Arrivé à Gouarec. Je commande 3 paninis, je suis avec d’autres participants, l’ambiance est sympa, on décompresse, certains repartiront, moi non. Je verrais d’autres participants arriver 200 km depuis le matin, j’ai atteint mon objectif, je m’arrêterai ici pour ce soir. Pascale Cazaux arrive commande une frite et me propose de bivouaquer dans l’église du village, vendu. Le porche ferme totalement, il fait bon, nous serons discrets pour nous installer. D’autres arriveront dans la nuit, ils seront moins discrets, chacun son éducation et son respect.

Demain, je lève le pied…

28 Septembre – Gouarec – Plougonven – 211 km – 12h – 2850 m – 7 km à pied

Crédits : geoportail.gouv.fr

5h40 – Après une nuit de 8h, je suis d’attaque. Le départ est froid, il fera 4 degrés, mais rouler ça réchauffe et j’adore rouler de nuit. Les premiers kilomètres sont roulants, je me dis que j’aurais pu un peu avancer de nuit. Les deux heures qui suivent passeront toutes seules, je me rappelle juste d’un ciel étoilé et d’un chemin en forêt en corniche. Je remonterais pas mal de monde à cause du rythme imposé du singlespeed, je discuterais avec certains, les stratégies sont différentes mais les motivations identiques, avancer.

9h15 – Menez Bre, point culminant de la journée une longue montée à pied et c’est le premier CP, ça roule, le ratio est idéal sur ces terrains. Je prendrais un café/Jus d’ananas/Toilettes à Pédernec en redescendant, je serais reboosté pendant plus de 4h.

10h40 – Tonquédec, son chateau, sa forêt, je croiserais Aurélien en difficulté, courage !

12h19 – Perros-Guirec – Je commence à sentir les embruns et les noms des villes font rêver, Perros, Ploumanac’h, Trégastel… Je rattrape Gauthier Becuwe, nous nous ferons plaisir dans les chemins jusque Trébeurden.

13h39 – Tregoride – Magasin de cycles au CP 2, l’accueil est amical, la vue magnifique. La pause sera trop courte

16h40 – Après les baies, les plages, les criques, les single littoraux, c’est le coup de mou de 16h, le fameux. A partir de Loquirec, les raidars arrivent, toujours à la même heure, les jambes sont dures, la tête n’y est plus. Pour le plaisir, on repassera. On se croise avec Cyrus. J’anticipe l’arret du soir, je ne pense qu’à ça.

18h50 – Plougonven – Il reste 35km jusque Huelgoat, ils attendront le lendemain, la pizza ne recharge pas assez. J’explore les environs pour trouver un bivouac abrité, la nuit va être humide. Dans la soirée les amis arrivent Gauthier, Cyrus, puis Vincent que je n’ai pas vu depuis le départ, le moral remonte. Nous nous trouverons un porche d’église pour la nuit. Nous serons une dizaine de participants réfugiés dans le village.

Le lendemain, je lèverais le pied mais vraiment cette fois-ci.

29 Septembre – Plougonven – Morgat – 174 km – 10h50 – 2550 m – 14 km à pied…. La décompression

Crédits : geoportail.gouv.fr

6h30 – Seconde nuit sous un porche d’église, il ne pleut pas, il brouillasse comme ils disent ici. La forme n’est pas là. Deux bosses à passer avec 10 m de visibilité et des chouettes qui me regarde passer, ambiance bretonne.

8h – Forêt de Helgoat – Après un peu de répit sur la voie-verte, petit détour dans la forêt de Huelgoat, ça monte sous la pluie mais c’est beau, ça se mérite.

9h – Huelgoat, petit-déjeuner, je resterais 1h, le temps de reprendre des forces, de parler avec Leila, supportrice et touriste de la GTB et les copains, je repars rechargé. Les monts d’Arrée m’attendent, j’appréhendent en singlespeed, il y a deux ans c’était la partie la plus physique.

11h31 – Mont Saint-Michel de Brasparts – L’ascension se fait entre les flaques mais c’est magnifique comme toujours. Je retrouve l’orga en haut et dans les descentes suivantes avec le drône. Les highlands français qui nous donnent un aperçu de l’Ecosse et du Pays de Galles. La vue du Tuchenn Kador confirme le sentiment.

14h – Le Faou – Les Monts d’Arrée sont passés tout seul, je n’ai presque pas posé le pied, au final le ratio passait bien et la forme revient peu à peu. J’ai retrouvé Stéphane entre deux, ça faut du bien de rouler un peu avec quelqu’un. Crozon se profilait déjà depuis le Menez Meur. Pas de ravitaillement au Faou, je fais les fonds de sacoches.

17h23 – Camaret sur Mer – La traversée de Crozon est pénible, je suis avec Stevie, ça passe mieux, on restera ensemble jusqu’au soir, il m’invitera à dormir le soir, la nuit est bonne mais après 3 jours sur les chemins, cela ne se refuse pas.

17h30 – Pointe de Pen Hir, la pénibilité en valait le coup, la vue est magnifique, et avec le soleil c’est encore mieux. Nous suivront ensuite l’anse de Dinan jusque la plage de Goulien par des chemins caillouteux, la fatigue de la journée se fait sentir.

19h – Arrivés à la Pointe de Crozon, c’est beau, mais dur, les chemins tapent, les montées courtes mais raides, la beauté se mérite et sous le soleil en plus. On retrouve Vincent qui passera la soirée avec nous.

19h50 – Arrêt à Morgat. Cela fait 3 jours que je suis sur les chemins, la moitié jusqu’à mon objectif de vendredi. Le temps de faire le bilan. La forme n’est pas vraiment là, je m’arrête tôt, je pars de plus en plus tard, j’ai pas trop bien géré le repos avant de partir, un peu plus en forme et je profitais plus. C’est pas grave, pour l’instant il est temps de se poser un peu, on rejoins l’orga, l’ambiance se détend, burger, bière, vin, bière…. On oublie les peines des jours précédents.

30 Septembre – Morgat – Audierne – 137,5 km – 8h24 – 1980 m – 6 km à pied

Crédits : geoportail.gouv.fr

6h30 – Morgat – Départ de l’appartement, une nuit en dur avec une douche fait un peu de bien mais je n’arrive pas à retrouver toute mon énergie, je me sens comme un portable complètement déchargé, en me rechargeant un peu, je me décharge aussi vite.

8h37 – Pentrez – Les bosses du matin m’ont un peu réveillé les jambes mais ce n’est pas la folie. Je croise pas mal de participants devant le café, j’attendrais de passer le Menez Hom pour prendre le mien.

9h – Je termine l’ascension du Menez Hom, dur les chemins en forêt, mais la route monte tranquillement. Heureusement Eugénie a prévu un ravitaillement au sommet, merci à elle, je repars rechargé.

9h30 – Ayant fait une petite chute dans la descente du Menez Hom, je me rend compte que j’ai cassé la fermeture de ma chaussure, c’est vite réparé avec un strap.

11h – Locronan, village typique, son église, un café avec Stéphane, les chemins du bois du Névet à la sortie remettent les jambes en route…

12h – Je passe rapidement Douarnenez, le temps est menaçant, ça doit craquer dans l’après-midi.

13h – Beuzec-Cap-Sizun – Après un passage dans une crique magnifique avec un papy ronchon qui pense que quand il achète une propriété il a tous les droits autour, nous arrivons au CP, fermé mais c’est pas grave, un selfie et c’est réglé.

14h30 – J’atteins la Pointe du Van, comme vent mais pas pareil. L’avancée était pénible sur la pointe, mais comme d’habitude c’est mérité à l’arrivée. La pluie démarrera ici, elle sera intense ensuite.

16h – Arrivée à Audierne par une enfilade de chemins de rêve malgré la pluie. Un chocolat chaud et un kouign amann, ça aide à réfléchir. Pour ne pas gâcher le plaisir de ma journée, je m’arrêterai ici. Pas envie de pousser, j’ai besoin de repos donc je veux pas prendre le risque d’avancer et de tomber malade le lendemain, j’ai déjà un bouton de fièvre qui sort, signe de fatigue générale. L’auberge de jeunesse sera parfaite d’autant plus que je serais seul donc j’ai pu étaler toutes affaire crades et repartir sec et reposé.

18h30 – Audierne toujours – La pluie s’est arrêtée, il y a une belle lumière, pas de regret.

20h17 – Je prendrais une crêpe Menez Hom en plat et une Tro Breizh en dessert pour clôturer cette journée, l’histoire se répète mais autrement.

1er Octobre – Audierne – Doléan – 176 km – 9h30 – 1842 m – 7 km à pied

Crédits : geoportail.gouv.fr

8h – Audierne – La nuit est passée d’un trait, après un copieux petit-déjeuner, je me mets en route. J’ai une drôle d’impression en pédalant, la roue libre est libre dans tous les sens, conséquence des conditions bretonnes, sables, embruns, pluie… Le magasin de vélo le plus proche ouvre à 9h, je patienterais. Faux départ.

9h21 – Audierne encore – La journée de vélo démarre enfin. Le réparateur de voiture sans permis ET cycles, n’a rien pu faire pour moi. Un nettoyage, un peu d’huile, c’est mieux, le problème passera en roulant. La journée est sauvée.

12h – Pointe de Penmarc’h – La baie était magnifique et le vent favorable, un vrai bonheur, les jambes sont revenues, le plaisir aussi. Une galette saucisse et c’est reparti.

14h – 16h – 18h – Pont l’Abbé, Quimper, Rosporden, Pont-Aven, Moëlan-sur-mer. Je ne verrais pas l’après-midi passer, des petites routes, des chemins boueux boisés, des vallées, des bosses, du vrai gravel agricole breton. Si il a plu, j’ai pas senti grand chose.

19h45 – J’arrive à Doëlan et son anse mythique, ce sera le point de chute du jour. Gite, resto : camembert rôti au pesto, fish and chips, far breton, bière et vin blanc pour faire glisser, vu la journée, c’est mérité.

2 Octobre – Doëlan – Lomener – 31 km – 1h39 – 280 m

3h – La tempête a soufflé jusque là, brève, mais intense, il y avait alerte rouge à partir de 19h, il ne fallait donc pas rouler c’est du bon sens, l’épreuve est en autonomie, ce n’est pas à l’organisateur de me dire si je dois rouler ou non.

9h30 – Départ – Je profite de la lumière du matin, je dois aller jusqu’au CP de Lomener pour retrouver, Eugénie, Simon et Thibaut pour rentrer vers Rennes et accueillir les premiers arrivés. La côte est magnifique, l’île de Groix se profile à l’horizon.

11h15 – L’aventure s’arrête ici, j’aurais aimé continuer quand même mais je m’étais engagé jusque vendredi. La prochaine fois je ne me mettrais plus de contrainte à l’arrivée, c’est la deuxième fois que je le fais et c’est la deuxième fois que j’arrête une épreuve sans problème majeur, même si ‘était voulu cela reste frustrant.

Bilan

Après une année particulière je me suis lancé sur la GTB pour me tester en singlespeed et savoir si il m’était possible de le faire. J’ai des problèmes de genou et des lombalgies, j’ai besoin de renforcer constamment pour ne pas avoir de douleurs. Là c’était le test ultime sur une épreuve que je connais. Ces six jours sur les chemins m’en ont encore beaucoup appris sur moi et sur mon rapport aux épreuves. L’expérience ne fait pas tout, je sais gérer avec l’énergie que j’ai mais pas avec celle que j’ai pas, je le saurais, la prochaine fois je me reposerais je prendrais un peu plus soin de moi les semaines avant de partir, pas pour faire un temps, je n’ai rien à prouver ni aux autres ni à moi-même, mais pour plus profiter. Je suis là pour le plaisir et rien d’autre, si il n’y a plus de plaisir, je fais autre chose. Ce n’est pas le singlespeed qui m’a fatigué outre mesure car sinon j’aurais eu plus de douleurs musculaires et articulaires. En bikepacking, j’aime les moments passés seul où on fait le vide et on se recentre sur soi-même, sur ce qu’on fait, il y a un aspect méditatif non négligeable mais malgré tout ce qui m’aura le plus manqué le plus sur cette GTB c’est la camaraderie et notamment Pistache ! Pour ma première participation, on se retrouvait tout le temps avec Clément et au final on avait vécu cette GTB ensemble alors qu’on avait pas du tout prévu ça, cette première participation reste un excellent souvenir. Là je n’avais pas envie de partir en mode race et en single c’est difficile de rouler avec les autres, je dénigre pas mes rencontres cette année pour auntant. J’ai énormément apprécié les moments passés avec les autres participants que j’ai rencontré sur le parcours ou que je connaissais déjà. J’ai quand même croisé du monde mais pas plus longtemps que ça, ça m’a manqué. La prochaine fois je viendrais plus en forme et croyez le ou pas, pour la prochaine j’ai la furieuse envie de repartir en singlespeed…

Je reviendrai dans un autre articles sur les aspects techniques.

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