
Rouler à vélo et le propre du bikepacking, après si il y a une chose qu’on aime faire et même qu’on adore en bikepacking, c’est parler de matériel. On en parle avant les trips, après les trips et même pendant les trips. Alors quand on a une épreuve comme la GTB avec une centaine de participant-e-s, je peux vous dire que ça parle chiffons et casseroles. Et vas-y que ça commente le chargement de machin et le vélo de truc et des « tas vu lui/elle il/elle a pas de sac de couchage » ou bien des « t’as vu son porte bagage, il/elle sera jamais à l’arrivée »…. J’en passe et des meilleurs. Parfois (souvent) ça vire même à la course à l’équipement de celui qui aura le plus cher et/ou le plus « high-tech », donc au bon vieux concours de celui ou celle qui a la plus grosse, il faut le dire. Je ne vais pas revenir sur des faits présents comme les marques qui réinventent le porte-bagages, plus fragile, plus lourd et plus cher que ce qui se faisait, enfin bon, voilà. Je ne critique pas l’innovation, si tant est quelle innove. Tout ça pour dire qu’en tant que pratiquant-e-s et, il faut se l’avouer, en tant que consommateur-trices, nos achats correspondent à nos choix. Et personnellement avant d’acheter du matériel, je me pose toujours les mêmes questions. Est ce que j’en ai réellement besoin ? Est ce que j’ai pas déjà quelque chose d’équivalent ? Est ce que cela va vraiment m’apporter quelques chose en plus ? Est ce que je peux le trouver d’occasion ? Est ce qu’il y a des modèles artisanaux ou au moins fabriqués en Europe ?…. Voilà, beaucoup de questions pour dire qu’il ne faut pas acheter sans réfléchir, ne pas faire confiance au marketing, son but est de nous faire acheter n’importe quoi et il y a toujours un bon rapport qualité/prix/poids ou qualité/prix/éthique pour au final, comme dans la vie de tous les jours, acheter moins mais mieux.
Donc, je reprend, de retour de Bretagne après une saison estivale chargée en escapades à vélo à travers la France, je vais faire un retour sur le matériel utilisé et les retours sur le singlespeed pour une utilisation en épreuve bikepacking à la semaine en mi-saison dans une région vallonnée mais pas montagneuse (respire). Je traiterais ici du vélo et du retour sur la GTB en singlespeed, le matériel embarqué, puis sur la gestion des journées. Pour le matériel, sacoche, couchage, habillement, je présenterais seulement ce que j’ai embraqué et si mes choix étaient judicieux. Je reviendrais plus tard sur ce que je mets dans mes sacoches pour différents types de trips et pourquoi j’ai choisi ce matos.
La bête en question – Surly Straggler

Flashback – 2018 – Première GTB
Avant de présenter le vélo que j’vais cette année, je dois parler de la GTB 2018. Il y a deux ans se déroulait la première GTB qui faisait 1100 km, je terminais avec Pistache et Alain le jeudi matin. Le parcours était un peu plus court, un poil moins technique mais pas tant que ça, mais surtout plus sec au niveau météo. J’avais eu un vélo en prêt/test, un MR4 de 211 Cycles qui s’est avéré très bien pour la GTB. En pneus de 38 mm et une transmission avec plateau de 38 et une cassette de 9-46, tout s’était très bien passé. Les pneus Compass (René Herse aujourd’hui) étaient une découverte pour moi et j’avais été agréablement surpris par le 38 mm qui à la bonne pression, donne la sensation de confort d’un 42 et s’est avéré très résistant. Pour l’histoire, je les ai changé après 5000 km car les flancs étaient usés mais la bande de roulement toujours bonne… Après cela, le gravel était pour moi un bon choix sur la GTB, si je repartais, c’était en gravel. Par contre les sacoches, ça n’avait pas du tout été. Ce type de sacoche traditionnelles est pas tout adapté à ma pratique. Sur les chemins, je préfère concentrer le poids vers le centre de gravité.

2020 – Nouveau départ en Surly Straggler Singlespeed
Comme je l’avais expliqué dans les chroniques de la GTB, je suis parti sur ce tour avec mon Surly Straggler qui m’a servi entre autre pour la French Divide 2017.
Pourquoi le Surly alors que j’ai un monstercross sur-mesure à la maison qui peut aussi faire du singlespeed et mieux en plus ? Parce que déjà, ma participation est partie d’une blague, ou d’un défi de fin de soirée, ensuite le Roubaix (de son petit nom) a bien roulé cette été et l’autre commençait à être jaloux, et enfin, parce que je trouve ça drôle de faire la GTB avec mon vélo de tous les jours.
Cadre et fourche
Le Straggler est un vélo fiable en acier chromo, confortable et malgré les idées reçues, avec la fourche carbone, il est assez réactif. Le cadre possède des pattes horizontales pour régler la tension de chaine.
La fourche Whisky a été choisi pour ses qualités, j’ai essayé d’autres fourches sur ce vélo et sur d’autres vélos dans toutes les matières et dans plusieurs marques et je suis toujours revenu vers les Whisky. J’apprécie vraiment leur qualité de fabrication, leur poids et leur capacité à filtrer les vibrations. Il y a vraiment un plus par rapport à la fourche d’origine en acier, il se sent lors des relances avec une meilleure rigidité latérale et une bonne flexibilité. Pour la fiabilité, après 3 ans, pas de problème et je pense pas en avoir tout de suite.
Les roues et pneus
Les roues sont toutes les deux artisanales. Les jantes sont des Velocity, marque que j’apprécie par la qualité de leur fabrication. L’avant est une Velocity Blunt SL avec moyeux dynamo SP et rayon Sapim Race. L’arrière est une Velocity Aileron avec moyeux Surly spécifique single à disque et rayons Sapin CX Ray. Pas de soucis durant la GTB, l’avant a pas mal de bornes, elle est déjà bien poquée et elle avait été dévoilée chez Black Cat avant de partir. Elle a pas bougé.
Pour les pneus, le choix était fait depuis un moment, les Soma Cazadero en 700×42, si j’avais pu, j’aurais monté des 700×50, mais il ne passent pas, pour le moment ce sont mes meilleurs pneus en tout-chemin avec les René Herse.
Un ensemble maniable et confortable
Dans le comportement, je connais parfaitement ce vélo, avec le cintre VTT et les freins hydrauliques, je l’utilise comme un vrai VTT full rigide, les pneus ne sont pas si limitants que ça, en prenant des bonnes lignes ça passe bien, en tout cas pas de douleurs en haut du corps comme je peux en avoir avec certains gravel. L’ensemble fait 9,8 kg, pas trop mal avec le moyeux dynamo, le cintre acier, les Spirgrips. Le but n’est pas non plus de courir après les grammes mais d’avoir un ensemble assez léger pour ne pas être pénalisé en montée et fiable pour éviter les problèmes mécaniques.
Le singlespeed, en rythme, toujours en rythme…
Quel ratio me demanderez vous ??? C’est la question que j’ai le plus eu, et elle est légitime, mais il y a plusieurs facteurs à prendre en compte.
Déjà gravel ou VTT ? Je ne vais pas revenir là dessus, je l’ai déjà faite en gravel, ce sera en gravel. En dehors des montagnes, j’ai du mal à prendre un VTT, il est aussi vrai qu’en montagne je prend un Monstercross maintenant…
Je vais essayer d’expliquer comment j’ai fait pour gérer cette épreuve ou ce morceau d’épreuve de 1000 bornes, en single et ce que j’y ai appris. Mon but n’est pas ici de vous faire LA leçon sur le singlespeed, j’ai beau faire du single et du fixe toute l’année sur des sorties de 200 voir 300 bornes, mais je n’ai pas l’expérience du singlespeed des grandes et grands spécialistes comme Alexandera Houchin, Javier Simon, les membres du groupe Singlespeed Belgique ou même les singlepseeder alsaciens. Je ferais ici mon retour d’expérience sur la pratique du singlespeed en bikepacking sur la GTB.
Ratio de 2 – 38×19

Voilà déjà la réponse à la grande question, mais ça donne quoi en utilisation ?
J’y ai beaucoup réfléchi à ce ratio, ça été un de mes sujets de réflexion principal lors de la traversée des Vosges. Tout est une question de compromis, si je pars sur un trop gros ratio, j’aurais une bonne vitesse dans le roulant et sur le plat, mais je vais forcer à la moindre montée et je vais le payer sur la durée. Et si je pars avec un ratio trop petit, les montées passeront mieux, mais sur le plat je serais très vite limité et la vitesse moyenne va bien baisser. J’ai pas mal utilisé le ratio de 2 à VTT, soit un tour de pédalier pour deux tours de roue. Il a été mon premier ratio singlespeed. Il passe bien sur les chemins roulants et dans les bosses moyennes sur les chemins. Sur route, on sature vite en cadence et il faut baisser le rythme si le profil est plat, c’est le constat que j’avais fait sur les tests à Lille et dans le Nord. Je me suis dit qu’en étant chargé léger et dans les chemins, il allait donc convenir. Deux semaines avant de partir j’étais parti avec Alain Puiseux pour faire le tour du Bassin Minier et les 7 mineurs, c’était idéal pour tester le développement. Au final il est bien passé partout et cela me validait le choix. En théorie, sur le plat entre 80 et 90 tours/min de cadence, cela donne une vitesse entre 21 et 24 km/h sans forcer, c’est à peu près les cadences d’endurance utilisées en ultra.

Et en pratique quand ça monte ?!? Tout est une question de rythme.
Avant toute chose, dans les activités « matériels » comme le bikepacking, il faut faire des choix, des choix de composants, de transmission, de sacoches, de bivouac… Et en tant qu’adulte responsable doté d’une bonne foi, quand on fait un choix, on l’accepte et on s’y adapte. Il n’y a pas de choix ultime, sinon ce serait trop simple, mais des choix qui nous correspondent au moment où on les a fait, avec notre expérience, notre culture, nos influences… Prendre le départ d’une épreuve en singlespeed a été mon choix, voici comment je me suis adapté et ce que j’en tire comme leçons pour les prochaines fois.
Il y a pas mal de techniques pour absorber le relief et limiter d’être trop en force. Le risque est de trop forcer et sur une épreuve de plusieurs jours, il faut éviter sinon on le paye à un moment, la tendinite ou les douleurs articulaires guettent. Les habitué-e-s des longues distances le savent et sont toujours à l’écoute de leur corps pour finir dans de bonnes conditions. Sur la French Divide, c’était ma première expérience en ultra et j’avais un ratio mini trop gros, dès le 3e jour, la première tendinite au tendon d’Achille a pointé son nez. J’ai fini avec 4 tendinites, c’est gérable mais pas agréable. Je voulais éviter ça.
Donc en singlespeed, il faut toujours être en rythme, plus la cadence baisse et plus on doit forcer, ce qu’il faut éviter, donc il faut oublier ça. Et pour ça, il y a pas de secret, il y a trois « modes » en single, sur la selle, en danseuse et à pied. Sur le plat, tout va bien, en descente, on laisse couler. En faux plat descendant, on pédale et on laisse couler, de toute manière on est pas là pour faire des pointes de vitesse. En longue distance en général, dès que je roule au dessus de 20 km/h sans pédaler, je me repose, j’avoue qu’avec les jours cette vitesse diminue et je laisse de plus en plus aller au fur et à mesure des jours. En faux-plat montants, selon la pente et le revêtements, c’est sur la selle avec un peu de danseuse, ça passe nickel tant que c’est pas trop crade, on peut même avoir de bonnes sensations avec une impression d’accélérer tout le temps. Et enfin en montée, là c’est selon la pente, il y a une gradation des techniques selon la longueur, l’intensité de la pente et la fatigue. D’abord on va chercher à rester en rythme en montant en danseuse rapide, puis danseuse normale, ensuite on va chercher un peu plus sur les côtés en tirant sur le cintre à droite et à gauche pour accompagner les jambes, encore ensuite on va commencer à zigzaguer sur la route pour absorber le relief, cela « casse » la pente et le fait de tourner redonne de l’élan et du rythme. Enfin dès que j’arrive à un certain niveau de force, j’arrête de forcer et la suite se fait à pied. A force de pratiquer on commence à sentir et à peaufiner les techniques pour être le/la plus efficace, s’économiser au maximum, cela devient automatique à force.
Après je n’invente rien, ce sont des techniques de vélo de base, mais malheureusement j’en vois trop qui ne savant pas monter en danseuse, ou pire, qui pensent que d’être en danseuse c’est quand on est en difficulté !?! Je parle même pas du moments où je mets le pied à terre… Ce n’est pas grave de marcher, ce n’est pas un signe de faiblesse, en tout cas moins que d’arrêter pour une tendinite. Les problèmes d’égo sont malheureusement encore trop répandus dans le vélo, cela s’améliore, mais il faut comprendre que chacun doit prendre du plaisir dans sa pratique à son niveau et ne pas essayer de faire comme les autres, et surtout pas en s’inspirant du cyclisme professionnel qui est une grande mascarade soit dit en passant.
Est ce que cela aurait été plus simple avec des vitesses ?? Au final j’ai pas tant l’impression que ça, après quelques centaines de kilomètres et une routine de rythme et de gestion de l’effort, je me suis adapté à mon choix et il est devenu tout à fait naturel pour moi. Après 4 jours, je n’avais plus l’impression de faire du single mais juste du vélo comme je le ferais avec n’importe quel autre vélo. En échangeant avec les autres participant-e-s, j’ai galeré sur les mêmes secteurs que les autres, mais j’ai fait avec les moyens que j’avais, en acceptant mes choix et en m’adaptant techniquement, tout s’est très bien passé, tant physiquement que psychologiquement. Et pour ne rien cacher, j’ai adoré ça, faire du vélo simplement allez vers une pratique moins matérialiste mais sans tomber dans les extrêmes non plus, je ne vais pas rouler sur vélo en pierre, j’ai juste fait du vélo et je me suis fait plaisir comme ça, le reste ce sont des détails.
« Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais équipements », retour sur l’équipement pour la GTB

L’adage scandinave ou écossais (ou les deux) colle aussi parfaitement à la Bretagne. Donc dans l’absolu, il faut toujours être préparé à un temps humide en Bretagne. Lors de la première GTB, il n’a quasiment pas plu, par contre les nuits étaient froides et humides. L’humidité est un ennemi en bikepacking. J’ai fini l’épreuve avec les pieds qui sont restés mouillés durant 5 jours, ce qui commençait à être douloureux. Il faut donc gérer les couches pour avoir un équilibre de chaud-sec à chaud-humide en évitant le froid-humide, le pire ennemi à l’extérieur. Là étant donné la météo fraiche/froide et humide qui était prévu, je me suis préparé en conséquence de ce qui était prévu…
Base de vêtements

- Cuissard sans bretelle Assos, chaussettes mérinos.
- Short de randonnée en stretch Forclaz, un bon modèle qui sèche rapidement et avec des poches, beaucoup de poches…
- Haut mérinos long Woolpower, vu les températures, je n’avais pas besoin de haut court
- Chaussettes mérinos
- Un boxer mérinos et une paire de chaussettes en plus pour la nuit
- Mitaines qui m’ont lâché en route
Tenue chaude

- Veste chaude mérinos Triban, très respirante, tient chaud même mouillée.
- Gilet doudoune Forclaz synthétique
- Collants long de ski de fond, peut-être un peu trop chaud !
- Gants polartec
- Tour de cou mérinos qui me sert de cache-yeux la nuit
Tenue de pluie

- Veste Patagonia 3 couches
- Pantalon de pluie Kalenji de trail, meilleur rapport qualité/prix du marché
- Sur-gants Outdoor Research
Bilan – S’adapter c’est survivre
Je pourrais en parler plus longuement mais ma gestion des vêtements se fait sur le sytème 3 couches. La première couche est une base près du corps, mérinos pour moi, qui évacue la transpiration, puis une couche chaude et enfin une couche coupe vent/pluie. Sachant qu’en activité, à part au démarrage, j’ai rarement froid et même souvent bien chaud. Donc il me faut de quoi évacuer la chaleur mais sans avoir trop froid. Par contre je me refroidi très vite dès que je j’arrête, et je dois me couvrir rapidement. J’ai un autre problème, c’est que j’ai le syndrome de Raynaud, quand j’ai froid ou en cas de variation de températures rapide (intérieur-extérieur, quand je suis mouillé…), j’ai la circulation des doigts qui est ralentie, ce n’est pas dangereux tant qu’il ne gèle pas, mais cela devient vite dérangeant. Si cela dure, je ne peux plus me servir normalement de mes mains jusqu’au moment où je ne peux plus passer les vitesses ou même freiner comme ça m’est arrivé en Ecosse, là ça devient dangereux. Il faut donc que je garde toujours ma chaleur et que j’évite l’humidité sinon je dois trouver une solution pour me réchauffer ce qui n’est pas évident en bikepacking light.
Le bas, simple et efficace
En prenant tout ça en compte, la configuration était pas mal, avec quelques défauts. Il a fait plus doux que prévu et je n’ai pas eu froid, j’ai même eu un peu trop chaud. Les périodes fraiches se trouvaient la nuit, en dehors, cela restait doux sauf sous la pluie. J’avais trop de couches en bas, avec le cuissard, le short et le collant, j’avais trois épaisseurs et la gestion de la chaleur et de l’humidité n’était pas évidente. Et il faut à tout prix éviter de garder l’humidité autour du bassin pour éviter les irritations. Ces dernières peuvent facilement conduire à un abandon. L’idéal serait de ne pas avoir de cuissard, j’arrive à m’en passer quand je roule moins de 8h, mais au delà, au mieux c’est juste de l’inconfort, au pire des irritations. L’avantage sans cuissard c’est que la gestion de l’humidité est bien meilleure. J’ai bon espoir avec la Berthoud que je suis en train de roder, patiemment… Juste un cuissard avec des jambières auraient mieux fait l’affaire, j’ai des jambières mérinos que je traine depuis un moment et qui font très bien le boulot. Quand il fait sec, j’ai le short au dessus, j’aime bien le short, c’est pratique. Et quand il pleut, je remplace le short par le pantalon de pluie, ça marche bien. Ce n’est pas par les jambes que je me refroidi le plus ou que j’ai le plus chaud, souvent je garde la même configuration en bas du matin au soir.

En haut, peut mieux faire
Pour le haut c’est toujours particulier et le plus dur au niveau gestion du froid et de la chaleur. Hormis la première couche qui ne bouge pas, je la garde même la nuit souvent, j’avais la plupart du temps la veste en mérinos. Elle est chaude, pratique pour ses poches et assez bien dans la vie de tout les jours, parce que le full jersey… Question de goût quoi. Donc la veste Triban est bien sauf le bas des manches et de la veste, ils sont en polyester et retiennent l’eau plus longtemps que le reste, donc il y a une humidité persistante lorsque la veste est sèche. Ensuite lorsqu’il fait doux mais avec un vent frais, je ne suis jamais bien entre la veste mérinos et la veste de pluie, c’est souvent trop chaud ou trop froid, il n’y a pas de juste milieu, il m’aurait manqué un gilet coupe-vent. J’avais bien mon gilet doudoune, mais il est trop chaud, il ne m’a servi qu’un matin en roulant, après c’était au bivouac.

La pluie, à ne pas associer au froid
Pour la veste de pluie, je suis volontairement parti avec une 3 couches neuve est assez lourde, je savais qu’elle allait me servir, après l’épisode écossais, je souhaitais mettre toutes les chances de mon côté et mon ancienne veste avait déjà fait la première GTB, elle a donc quelques kilomètres. Au final, entre une grosse veste de pluie et un veste coupe pluie light, j’ai vraiment du mal à sentir la différence de respirabilité (du tissu) à vélo, pour moi ce sont vraiment les aérations mécaniques qui sont les plus efficaces. De toute manière, une fois trempé, le tissu ne respire plus et la plus longue résistance à une pluie continue que j’ai pu avoir, c’est 4h. Il y a toujours un moment où on est mouillé, par la pluie ou la transpiration, ce qu’il faut c’est repousser au maximum ce moment et ensuite d’avoir des sous-couches qui tiennent chaud même mouillées. Après je voudrais bien essayer les vestes Shakedry qui, malgré leur fragilité, limitent justement l’imbibement (habla frances ?!?) du tissu extérieur vu qu’il n’y en a plus. De ce fait, l’eau ne reste pas sur la veste et elle garde plus ses capacités de respirabilité, à part les prix qui restent exorbitants, c’est à tester.

Au final comme ce que j’avais pu voir dans les épreuves de raid sur plusieurs jours avec des terrains variés et des météos changeantes, le modulable est pas mal pour alléger les sacoches et avoir des solutions pour chaque type de temps. Ensuite pour les matières, le mérinos est idéal en première couche partout et en deuxième couche chaude pour le haut, il remplace aisément une couche de polaire et tient chaud même mouillé. Plus ça va, plus je pratique et j’essaie des configurations et plus j’évite le polyester, une couche de polyester mouillée est inutile et ça pue rapidement. Le mérinos c’est plus naturel, et avec des marques comme Smartwool ou Woolpower, on est sûr d’avoir des fringues de qualité avec une bonne éthique sur la provenance de la laine et le traitement des moutons.
Tout en bas, c’est pas le pied

Les chaussures c’est là aussi c’est tout une science. Autant la tête, elle ne prend l’eau que d’en haut, autant les pieds, ils prennent l’eau de tous les côtés. Vu le temps qui était annoncé, j’ai fait le choix de prendre les chaussures weather-proof d’hiver, les 45 NRTH Ragnarok. C’était une certitude que j’aurais les pieds mouillés, par contre je ne voulais pas avoir les pieds froids, ou le moins possible. J’étais partagé, car il y a deux pratiques, le fermé chaud (humide) et l’ouvert tiède (humide). Le premier se fait avec des chaussures imperméables avec des chaussettes normales, mérinos si possible, l’eau arrive toujours à rentrer à un moment et le pied est humide mais reste chaud. L’eau s’évacue difficilement et pour faire sécher, c’est également difficile, d’autant plus si on ne fait que bivouaquer. L’autre solution est d’avoir des chaussures qui laissent passer l’eau avec des chaussettes laine qui gardent un peu la chaleur même humide et en cas de pluie ou de passages humides, on remplace par des chaussettes imperméables. Elles vont limiter l’entrée d’eau un moment, puis resteront chaudes ensuite malgré une certaine humidité. Ce sera par la suite plus facile de faire sécher les chaussettes, c’est donc une autre solution qui est pas mal et bien modulable, ce n’est pas celle que j’ai choisi et je l’ai regretté. Rien que sur le côté chaud, les trois premiers jours, il faisait doux et les chaussures étaient clairement trop chaudes. Elles restaient humides même sans prendre l’eau donc le troisième jour c’était un milieu de culture et les pieds commençaient à souffrir. Ensuite, la semelle extérieure est bien formée mais elle n’est pas assez souple, donc pour marcher ce n’était pas idéal et avec le singlespeed, j’ai pas mal marché ! Et enfin, le quatrième jour j’ai cassé la fermeture Boa, je l’ai arraché sur un rocher sur un appui incertains. Je me suis retrouvé avec une chaussure qui ne fermait plus trop, heureusement j’avais un Voile-strap en plus. Ce n’était pas idéal, mais j’ai pu continuer deux jours comme ça.
Il faut faire le bon choix, pas comme moi cette fois…
En l’état, ce sont des bonnes chaussures que j’avais, mais en ayant voulu être trop prévoyant, j’ai fait un choix qui n’était pas idéal dans ces conditions, j’en prend note pour la prochaine fois. En saison intermédiaire, ce sera des chaussures souples qui évacuent l’eau avec chaussettes imperméables voir sur-chaussures.
Le bivouac – Le repos est aussi important que l’effort si ce n’est plus.

Sur cette GTB, je ne suis pas arrivé très reposé (sans parler de la soirée de la veille du départ, mais j’assume) et pas dans un objectif de faire un temps, je me reposais beaucoup sur mon expérience, d’autant plus que je ne savais pas si j’allais pouvoir boucler en single au niveau articulaire. Je suis parti dans l’esprit d’avancer à mon rythme en me ménageant. Sur ma première GTB, j’étais parti avec un couchage trop light, un matelas chinois qui n’a pas tenu longtemps et un quilt prévu pour 15°. Et bien j’ai eu froid durant les trois nuits, cela à l’avantage de m’avoir aidé à pousser sur les journées et à ne pas dormir la dernière nuit. Là je voulais passer des bonnes nuits et faire des bons bivouacs, surtout que la Bretagne offre des bons spots de bivouac. Et on pourra dire que j’ai bien profité des nuits sans une seule nuit sous les 8h cette année…

Pour le couchage, je garde mes habitudes avec une configuration testée jusque 0 degré. Ce que je crains le plus en Bretagne, c’est l’humidité (toujours elle) du dessus (rosée, pluie) et du dessous (sol, herbe). Déjà, j’évite le syndrome du camping, en ne bivouaquant pas dans les prairies dans des secteurs humides, c’est la mauvaise nuit assurée ou au moins le couchage mouillé, après quelques jours dans les sacoches, toutes les affaires seront trempées. Il y a toujours des abris en Bretagne, certains officiels (abri pour randonneurs réguliers) et d’autres plus officieux (porche d’église, stade, base nautique…), donc pas besoin de tente, ni de tarp.

- Bivy Borah Gear : 195 grammes
- Matelas Therm A Rest Uberlite : 250 grammes
- Sac de couchage Cumulus X-lite 200 : 350 grammes
- Total avec drybag : 860 grammes et 3,5 litres
Comme oreiller, j’utilise ma doudoune entourée de ma veste mérinos, c’est parfait pour moi, même quelques affaires sous le matelas ça me va très bien. Avec le tour de cou sur les yeux, je dors très bien comme ça même trop, je suis obligé de mettre un réveil sinon c’est la grasse matinée assurée. La configuration était nickel, je la garderais dans les mêmes conditions.
Chargement et répartition
J’ai pas mal de configurations différentes de chargement, sur la première GTB, j’avais des sacoches traditionnelles qui n’étaient pas les plus adaptées au gravel. Le poids est assez excentré et le comportement du vélo en pâtit, mais aussi et surtout la désaxation du poids engendre des fatigues musculaires plus importantes pour compenser le déséquilibre du poids des sacoches. En tout cas je le ressens comme ça. Cette fois, j’ai centré le poids au plus proche du centre de gravité. J’avais une sacoche de cadre, une sacoche de selle, un food pouch pour un bidon puis un stem bag.
Sacoche de cadre

La sacoche de cadre est une Restrap faite sur-mesure pour ce cadre, mais elle est un peu trop petite, ce qui fait que une fois chargée, elle est tendue, ce qui a conduit à la rupture de la fermeture sur la French Divide. Pour cette fois, je l’ai un peu décalée vers l’avant, laissant de la place pour un bidon derrière. Dans la sacoche de cadre, il y a une partie du couchage avec le matelas, le bivy et la couverture de survie. Des vêtements, le pantalon de pluie, les gants et sur-gants, le tour de cou, puis la trousse de toilette/premiers secours, un sac à dos compressible, un Leatherman, une spork titane, les lunettes de soleil (lol) et enfin les papiers dans la poche plaquée. La sacoche a un gros volume et une fois chargée, il restait pas mal de place à l’intérieur, c’est là que je mettais la bouffe et la veste de pluie quand je ne l’utilisais pas. Le sac compressible me sert pour les courses, je l’utilise par habitude, ici il y a une journée ou j’avais une bouteille d’un litre dedans. Le frottement du sac m’a fait une irritation sur le dos, j’ai tout transféré dans la sacoche de cadre. La sac est bien, c’est le Décat à 3 balles, mais il a tendance à scier les épaules à la longue, je le remplacerais bien par une banane qui est bien pratique quand même et ne se fait pas sentir sur les hanches.
Sacoche de selle

Après de mauvaises expériences et pour avoir trop vu de sacoches de selle balloter, je ne charge jamais ma sacoche à plus de 8 litres, c’est la limite au dessus de laquelle la sacoche devient insupportable et change trop le comportement du vélo. Je traine ma Revelate depuis un long moment, je suis le deuxième à l’avoir, je crois qu’il y aura un troisième, elle n’est plus trop étanche, mais soit ce que je mets dedans ne craint pas, soit je mets un drybag. Là j’y avais mis mon sac de couchage avec un boxer de nuit en drybag puis ma doudoune.
Sacoche de potence
Dans le stem bag, je rassemble l’électrique et l’électronique, c’est facilement accessible, je peux faire mes branchements/débranchements en route. J’y rassemble la batterie Goal Zero Venture 30 de 7800 mAh, un chargeur USB pour prise, puis les câbles de téléphone, pour la batterie et pour la lampe. Le chargeur n’est là qu’au cas où, l’énergie principale est fournie par le moyeu qui alimente le convertisseur dans la lampe Sinewave Beacon. De jour, il alimente la batterie, sur laquelle seront branchés les appareils. De nuit, l’énergie est utilisée pour la lampe. Je peux faire les deux en même temps, il y a deux programmes sur la lampe qui gèrent la priorité à la charge ou à la lampe, ce n’est jamais parfait, je préfère utiliser l’un ou l’autre sachant que la lampe marche aussi que sur batterie, avec ma batterie j’ai jusque 37h d’autonomie. Sur un terrain comme la Bretagne, je suis totalement autonome, tous mes appareils sont tout le temps chargés à fond. Le trop plein d’énergie est stocké, je n’ai pas besoin d’une plus grosse batterie.
L’outillage
Les chambres à air light étaient coincées sous le porte-bidon dans le triangle avant et le reste de l’outillage était dans un bidon porte-outils sous le cadre, avec :
- Une pompe avec du Duct Tape autour
- Un multitool
- Deux démonte-pneus
- Des rustines traditionnelles et autocollantes
- Un kit de réparation tubeless
- De la super-glue
- Du fil et une aiguille
- Deux maillons et un bout de chaine
- Deux plaquettes
- Une burette d’huile et un petit chiffon pour la chaine

Bilan et perspectives (j’hésitais avec « Tirage de leçon »)
Cette GTB 2020 était l’occasion pour moi de découvrir le bikepacking en single-speed et le bilan est totalement positif. Car au delà de l’aspect technique et physique du single speed, il se rapproche d’une pratique plus simple et épurée du vélo, celle-ci permet de se laisser aller sur le vélo et de profiter un peu plus. On dit toujours que dans les épreuves bikepacking, il y a les compétiteurs et les contemplatifs (Voir le documentaire Onboard sur la TCR), avec le singlepseed, l’aspect compétitif devient plus personnel, comme dans tout brevet, on est sur une gestion de son propre effort en fonction de ses moyens dans le but de finir l’épreuve. Donc la compétition se rapproche encore plus du défi personnel avec le monovitesse. Ce phénomène enlève déjà un peu de pression, même si elle peut être nécessaire pour se dépasser, là on s’en débarrasse, les objectifs sont tout autre, on se bat un peu plus contre soi-même ou plutôt un peu plus avec soi-même, c’est un construit et l’expérience devient obligatoirement plus contemplative, rien que de se laisser aller en descente permet de plus apprécier ces dernières et de peaufiner le pilotage. Enfin, il y a l’humilité, si on en a un peu quand on commence le single, on en a bien plus après. J’ai donc adoré cette expérience en single et j’y reviendrais, même si je ne le quitte jamais vraiment.
Donc voici pour l’essentiel de l’aspect matériel de ce retour de GTB 2020 et des leçons que je peux en tirer pour mes futures expériences. Je pourrais pas mal développer sur mes choix, sur la gestion de l’alimentation, de l’énergie électrique, sur le bivouac en général ainsi que sur la création d’itinéraire et la navigation à vélo… Mais ce n’était pas le but ici, néanmoins je ne perds pas espoir de pouvoir le faire et même sur support physique, de mettre à plat le bilan des mes quelques années d’expériences sur les escapades à vélo chargé des courtes au moyennes durées, il y en a quelques uns qui me l’ont déjà demandé, je pense concrétiser.